Mesdames, Messieurs, j’ai décidé de me présenter aux prochaines échéances électorales. Et voici mon programme, un programme civilisationnel, disons-le tout net. Qu’est-ce que civiliser ? C’est enseigner l’émancipation par l’esprit. « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu », disait Aristophane ; en effet, le feu de l’esprit. Civiliser, c’est faire que l’esprit en l’homme surmonte l’animalité de ce dernier pour éclairer son cœur. C’est délivrer l’esprit de l’animalité en le ramenant vers le cœur et faire que l’esprit ne serve plus l’animalité mais le cœur. Chez tout animal, il y a une âme, un cœur. Mais cette âme est asservi au corps. L’animalité se définit comme l’asservissement de l’âme au corps. Ce que l’on appelle cœur c’est la résonance de l’âme tourmentée dans le corps. L’esprit est ce qui chez l’homme peut émanciper l’âme du corps. La civilisation est donc ce qui suscite chez l’esprit un mouvement propre à le déprendre de la chair pour revenir au cœur et émanciper l’âme.
Comme un corps sans esprit est une chair morte, une âme sans esprit est une âme morte. L’esprit installé dans la chair doit donc la quitter afin de s’installer dans l’âme, voilà le mouvement civilisationnel. Force est de constater que la science moderne occidentale n’installe pas l’esprit dans l’âme, puisqu’elle nie celle-ci ; cette prétendue civilisation occidentale ne vise de toutes façons pas à installer l’esprit dans l’âme, il n’y a donc pas de civilisation occidentale.
Les plaisirs de la chair nous attirent quand notre esprit est installé dans la chair. Comment donc installer l’esprit dans l’âme ? Quand l’esprit est installé dans la chair, cela prend une forme nommée : égo, avec tous ses prolongements, orgueil, vanité, narcissisme, jalousie, colère, vices… Installer l’esprit dans l’âme c’est donc détruire peu à peu l’égo. Mais rares sont ceux qui peuvent détruire eux-mêmes leur égo, car puisque nous sommes d’abord des égo dans nos sociétés actuelles, l’égo ne peut pas vouloir se détruire lui-même.
La civilisation est donc un projet humain visant l’érosion de l’égo par l’esprit pour l’émancipation de l’âme. Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas exactement le projet de Daniel Cohen-Bendit, ni celui d’Emmanuel Macron. L’égo est généralement détruit par les épreuves, les échecs, les humiliations… ça c’est la manière cruelle qui bat son plein actuellement. Mais il y a une manière civilisée qui s’appelle l’humilité, la simplicité, la volonté de sagesse, la volonté de comprendre. De comprendre non pas pour vaincre son adversaire mais d’abord pour la joie de comprendre, tout simplement, la joie de l’esprit qui se reconnaît enfin lui-même (Hegel avait raison), émancipé de ses multiples manifestations confuses, et pour la joie de voir clair dans l’adversaire et de le démasquer au point qu’il ne puisse attaquer sans se trahir lui-même. On réduit de plus en plus souvent, la compréhension au savoir, et le savoir à l’information, en indiquant que le savoir est une arme. Certes, le savoir, l’information peut être une arme, pour les services secrets israéliens, en particulier, une arme pour abattre son ennemi. Cependant, on peut voir les choses autrement.
« C’est de leurs ennemis que les sages apprennent le plus », écrivait Aristophane dans sa pièce Les oiseaux. Alors apprenons la vérité sur l’adversaire, la vérité de l’adversaire. Vouloir abattre son ennemi avant de le connaître complètement est un manque flagrant de sagesse. Car attaquer son ennemi sans vraiment le connaître c’est attaquer une image de son ennemi, une image seulement. Connaître son ennemi c’est savoir en quoi il est l’ennemi du bien, et pas de notre bien seulement. Il est donc sage de connaître son ennemi car cela nous pousse à mieux connaître le bien, pour mieux combattre l’ennemi du bien, c’est-à-dire le mal, étant entendu que l’on ne combat pas le mal par le mal mais par le bien. De même que l’on ne combat pas l’injustice par l’injustice mais par la justice, et que l’on ne combat pas le mensonge idéologique par un autre mensonge idéologique mais par la vérité.
L’idéologie est consubstantielle au mensonge. Le bien et la vérité ne souffrent aucune idéologie. Dans le combat idéologique, la vérité périt toujours. Entre les gauchistes qui veulent faire disparaître la race blanche européenne sous le métissage car celui-ci est à leurs yeux le seul gage de non-racisme, les suprémacistes proclamant que la planète entière leur appartient exclusivement comme le proclamait explicitement par écrit le leader suprémaciste Bernhardt Klassen, et ceux qui veulent islamiser tout ce qui les entoure, absolument tout, toute la population humaine, animale, végétale, ainsi que les minéraux, les particules subatomiques et le comportement ondulatoire de la matière et de la lumière, la vérité succombe. Il ne s’agit donc pas de briser l’idéologie de l’adversaire à l’aide d’une autre idéologie mais de briser le combat idéologique lui-même pour faire advenir la vérité, vérité qui nécessairement suscitera l’alliance des hommes et femmes de bonne volonté, l’alliance politique du bien, l’alliance qui pourra triompher de l’ennemi du bien.
Tel est donc mon programme, mesdames et messieurs. Votez pour moi !