Dans l’euphorie de cette rentrée littéraire, je ne sais pas par quoi commencer. La vie du microcosme littéraire parisien est si palpitante. Les chefs-d’œuvre fusent de tous côtés. Je me souviendrai toujours de ces folles soirées au Procope où d’Ormesson déclarait : « Les bons romans c’est comme les bons vins mais je préfère les bons vins ». Ah, qui contera ces délirantes soirées de biture chez Calmos-Lévy… Qui n’a pas connu ces soirées n’a rien vécu. Cependant, on parle beaucoup de ces écrivains de génie mais pas assez, je trouve, du génie des grands éditeurs parisiens. Car ils sont tout aussi géniaux que les écrivains qu’ils éditent. Il fallait le dire. Alors je le dis. Car j’en ai assez d’entendre les jaloux contestaient les génies littéraires et éditoriaux qui font nos si belles rentrées littéraires. On n’en peut plus de cette haine absurde. Parlons d’amour, osons en parler. L’humanité en a tellement besoin. Car l’amour c’est la vie, et la vie c’est la littérature. Et il n’y a pas de mauvaise littérature, il n’y a que des mauvais lecteurs. Cessons la haine, nous nous sommes tant haïs. Mais revenons à cette rentrée littéraire qui s’annonce démentielle. Je ne vais pas ici vous parler seulement du dernier fulgurant et colossal chef-d’œuvre de Yann M’hoax, Orléans City, aux éditions Grassouillet, ce serait trop facile. J’aimerais vous parler aussi de Massage thaïlandais, un roman de cape et d’épée de Schlomo Benzitoune, aux éditions Gallimardecettemerde. Formidable roman injustement ignoré par la critique. Seul l’infaillible Erich Naullau en a parlé, en bien. Certes, d’un point de vue littéraire, M’hoax est supérieur à Benzitoune ; le souffle romanesque de M’hoax, sa puissance lyrique inégalée et inégalable se répandent une fois de plus pour notre plus grand plaisir dans son nouveau roman, Orléans City, qui conte l’histoire terrible d’un écrivain médiocre qui veut absolument être reconnu comme un ecrivain génial et qui, pour arriver à ses fins, va tuer ses parents après leur avoir chié dessus à plein ventre, ou plutôt à plein cul, soyons précis. Malheureusement, il n’obtient toujours pas la reconnaissance après ce carnage. Il décide alors, armé d’une mitrailleuse, de faire un autre carnage dans la salle de rédaction d’un grand journal parisien. Comble de malchance, son train déraille et se fracasse dans un ravin ; aucuns survivants, excepté lui, et son frère, écrivain prometteur, qui se trouvait inopinément dans un wagon. Il se relève, récupère sa mitrailleuse, bute son frère et se dirige à pied vers Paris, mitrailleuse à la main. Un flic l’aperçoit et l’abat d’une balle dans la tête. Avant de mourir, l’écrivain médiocre hurle : « sale chien ! ». Le roman se termine ainsi avec ces derniers mots poignants. Un grand, un très grand roman d’amour où la poésie emporte tout sur son passage, aux éditions Grassouillet donc. Je ne devrais pas le dire mais j’ai préféré le roman de Benzitoune, aux éditions Gallimardecettemerde. Roman poignant et terrible, et terriblement poignant, un roman romantique qui raconte, merveilleusement, l’histoire d’un pov’ mec qui voudrait se payer un massage thaïlandais mais qui est fauché. Coup de bol, il rencontre sa cousine, qu’il décide de prostituer. Mais celle-ci ne lui rapporte pas un kopeck. Il se rend alors à Étretat pour en finir avec la vie. Et là, coup du destin, il rencontre un cousin qu’il n’a pas vu depuis des siècles, devenu riche en vendant des vidéos pour adultes. Le pov’ mec lui demande de lui filer un bon paquet d’oseille, l’autre accepte, et le pauvre type file en voiture vers le massage thaïlandais le plus proche. Comble de malchance, il meurt d’un arrêt cardiaque alors que la thaïlandaise lui masse les miches. Celle-ci fouille ses vêtements et empoche la liasse de biftons avant d’appeler une ambulance. Arrivé sur les lieux du drame, l’ambulancier, un portugais prénommé Jeshu, effectue un massage cardiaque et parvient à ressusciter le mort, qui se réveille brusquement en hurlant : « rend-moi mon pognon, sale chienne ! ». Le roman se termine sur ces mots émouvants. Un livre idéal pour célébrer l’amour dans cette société malade. Un livre qui accomplira nos espérances. À lire et à relire absolument. Qu’on me dise maintenant que la France n’est plus la patrie du génie littéraire. Merde à la fin. Mais je lutterai jusqu’au bout pour faire taire les jaloux. J’ai décidé en mon âme et conscience de donner une lecture intégrale de Massage thaïlandais, muni d’un mégaphone, sur la place Saint-Michel, ce dimanche à trois heures du matin. Pour marquer les esprits. La littérature vaincra. Le reste n’a aucune importance. Mais avant de vous quitter, puisqu’on est entre nous, je vais vous confier une information ultra-secrète : Orléans City et Massage thaïlandais sont d’ors et déjà en compétition pour le Goncourt. Je tiens cette information ultra-secrète de Bernard Pivot. Ça va chauffer chez Drouant. Je prédis une explosion de joie chez Gallimardecettemerde, on y sabrera sans doute le champagne avec les dents. Quelle fête en perspective ! J’y serai probablement, je vous raconterai.
Bonnes lectures à tous. Et haut les cœurs !