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Si l’orgueil ne brûle pas par le feu de l’humilité, il brûlera par le feu de l’humiliation.
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L’âme est comme une mer tourmentée dont la houle écume de désespoir sans objet.
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L’homme ordinaire voit de ses yeux, écoute de ses oreilles, touche de sa peau, goûte de sa langue et sent de son nez. Le sage voit avec la raison, écoute avec son cœur, touche avec son âme, goûte avec son imagination et sent avec sa mémoire. Quant au connard, il ne voit que ses certitudes, n’écoute que son orgueil, ne touche que sa cupidité, ne goûte que son avidité et ne sent que sa présomption.
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Les mouvements de la pensée qui cherche sa cause sont interminables, car sa cause est un mouvement qui induit la pensée.
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Le néant n’induit pas le mouvement, le néant n’induit rien d’autre que le néant. Le tout premier mouvement est induit par le don, le tout premier don, le don du don. L’amour divin.
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Que donne le premier don ? Me direz-vous. Eh bien, il donne le don. Ce don du don détermine la première loi, la première liberté, le premier souffle de vie.
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Le pardon est un don divin, car « par » « don ».
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L’usure est le contraire exact du par-don.
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Quand il y a don, on cherche toujours l’auteur du don, le donateur. Mais le tout premier don est un don sans donateur, un don sans origine temporelle ni spatiale puisque temps et espace résultent de ce don.
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Le don sans donateur, voilà ce qu’on entend par « Dieu », qui n’est pas l’auteur de ce don mais l’acte du don lui-même, l’acte sans auteur.
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Dieu est une donation éternelle sans donateur, une donation souveraine sans souverain. Dès lors, il ne s’agit pas pour le sujet de se soumettre à un souverain mais d’abolir le sujet pour le fondre dans cette souveraineté sans souverain.
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La sagesse, la science subjective abolit le sujet pour le fondre dans la souveraineté mais les sciences objectives abolissent le sujet pour le réduire à un objet. Inversion démoniaque.
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Les sciences objectives n’ont qu’un but et un seul : l’assassinat du sujet.
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Les sciences objectives, les sciences de l’objet devraient être l’esclave de la science du sujet, la science subjective. Malheureusement, aujourd’hui c’est l’inverse.
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Le néant c’est l’arrêt du don. Et cet arrêt produit des illusions… des objets matériels… il n’y a pas d’objets de connaissance, il y a simplement des objets d’illusion.
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« L’extérieur » est illusoire. Ce qu’on cherche au fond dans « l’extérieur », c’est un intérieur sans limites.
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Connaître c’est simplement connaître la part de nos illusions, qui est infinie…
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On ne peut rien comprendre au don, si ce n’est en donnant soi-même !
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Dans une société matérialiste où ne peut régner que le néant, où rien n’est donné et où tout a un prix, le prix ne peut être que celui de vos illusions. Et les illusions sont infinies.
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Les sciences tentent de SAISIR le sens. La sagesse DONNE du sens. La sagesse est un don. Les sciences sont un accaparement, une prédation aveugle qui tente obstinément de saisir l’objet vide de leurs désirs.
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Le désir ne se résout que dans le don.
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Le sens n’a de sens que tant qu’il est donné, dès lors qu’il veut être saisi il n’a plus de sens. Vouloir le saisir le vide de son sens.
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Les sciences assassinent le sens, en voulant ultimement le saisir.
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Vouloir saisir la vie la fait mourir. Pareil pour l’amour. Et la clarté. Tout comme lorsqu’on fixe une étoile, elle disparaît à notre vue.
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La clarté est un don insaisissable. C’est s’enfoncer dans la confusion la plus destructrice que de vouloir saisir la clarté, c’est pourtant ce que font les sciences.
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Le contraire du néant c’est le don. Le seul point commun entre le don et le néant c’est qu’ils sont tous les deux infinis. Le néant est infiniment illusoire, infiniment plein d’illusions, source du mal ; le don est infiniment bon et clair. Infiniment clair parce que infiniment bon. La souveraineté du bien précède la clarté.
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Le temps est un don de l’éternité.