La connaissance est un déploiement de la conscience, pas une compression d’informations. Un déploiement dont les vecteurs sont ces vertus morales que sont l’humilité, la patience, le pardon, la curiosité, le courage, le don de soi…
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La conscience particulière attachée à ses particularités qui douloureusement va se déployer jusqu’à la conscience universelle, détachée de tous les particuliers. Voilà le long chemin de la seule vraie connaissance, qui est tout simplement le chemin du détachement.
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La conscience universelle est un don, une éclosion indépendante du temps, un déploiement continu, sans fin ni début, de toute éternité.
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La vie impérissable de la conscience universelle est au sommet de l’arbre de vie. La vie périssable commence avec l’arbre de mort, que la Bible nomme « arbre de la connaissance du bien et du mal », et qu’on appelle faussement « l’arbre de science ». La seule science est celle qui nous conduit au sommet de l’arbre de vie.
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L’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est l’arbre de la conscience morale, de la conscience de sa mortalité, l’arbre de mort donc.
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L’arbre de vie c’est tout simplement les trois « chakras » supérieurs (centres d’énergie subtile du corps humain, dans l’hindouisme) ; Jésus-Christ parlait du royaume des cieux, les cieux étant les chakras supérieurs. L’arbre de mort est donc constitué des trois chakras inférieurs. Il manque le chakra central, le chakra du cœur, qui est comme un pont reliant l’arbre de vie à l’arbre de mort, Un pont au-dessus du gouffre de l’ignorance.
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Le chakra du cœur est la clé de la libération de l’âme. Voilà pourquoi Moïse reprochait aux israélites de ne pas pratiquer la « circoncision du cœur ». Et que quelques siècles après, le prophète Jérémie le leur reprochait encore ! Plusieurs siècles plus tard, ce fut le message essentiel du Christ aux israélites, en vain…
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On sort de l’ignorance en ouvrant le passage du chakra du cœur vers l’arbre de vie. Telle l’ouverture de la mer Rouge vers la Terre promise.
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Ce prétendu arbre de science, c’est finalement cet arbre de mort par lequel on entre dans le relatif, le relativisme moral, la science réfutable (Karl Popper), le périssable, l’enlisement dans les rapports de forces, la mécanique sans vie, la mort… ; c’est cet arbre par où commence l’ignorance de l’universel vivant, de la conscience universelle, divine ; cet arbre par lequel l’homme se trouve enchaîné aux renaissances charnelles successives, le fameux samsara… Voilà pourquoi cet arbre fut défendu.
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Plotin avait raison. Voilà comment je vois ses trois hypostases. La conscience divine est le déploiement ou le don vivant du verbe divin, qui lui-même est le déploiement ou le don vivant de la souveraineté divine vivante unique, qui est le don primordial, le don du don, que rien ne précède donc. Le Souverain bien chez Platon n’est rien d’autre que le don du don. Quant aux eaux ténébreuses dites « primordiales », elles sont induites par l’agitation chaotique produite par la surabondance de vie issue de la conscience divine ; ces eaux ténébreuses ne sont donc pas primordiales puisqu’elles arrivent en dernier. Donc, finalement rien n’est extérieur à la vie divine déployée infiniment, la notion même « d’extérieur » est absurde. En revanche, si on considère le chaos ténébreux comme primordial, alors tout devient extérieur et il n’y a plus de vie intérieure ! Le Serpent biblique est précisément celui qui affirme la primordialité du chaos.
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« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure », disait Georges Bernanos, oui, et cette conspiration remonte au Serpent, à Sumer, à Caïn… au paradigme faux du chaos primordial, paradigme qui entraine l’aliénation de toute vie intérieure à cette agitation paradigmatique (à cette diversion paradigmatique), paradigme adopté dans toutes les religions anciennes (scandinave, hindoue, égyptienne, suméro-babylonienne, grecque…), paradigme que les religions monothéistes avaient renversé (en posant au contraire l’unité divine vivante comme primordiale, comme l´incarnait Adam avant sa chute)… Et la science moderne revint à l’affirmation du chaos primordial, au paradigme du Serpent.
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C’est par les vertus morales que s’ouvre le chakra du cœur, et c’est par les fautes morales qu’il se ferme. Et Adam commit une faute morale, il trahit sa fidélité à Dieu, à l’impérissable, et devint périssable ; sa conscience chuta donc de l’arbre de vie vers l’arbre de mort. Et Adam devint mortel.
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L’arbre de vie est finalement le véritable « arbre de la science » car il nous conduit à la connaissance vivante de l’universel. Du coup, l’arbre défendu, faussement appelé « arbre de science », est finalement l’arbre de l’ignorance !
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Pour les kabbalistes juifs, le Serpent n’a pas été condamné pour avoir fait connaître à Adam l’arbre défendu mais pour le lui avoir fait connaître trop tôt, trop précocement, car Adam n’était pas prêt pour cela. Cet arbre défendu ne serait donc non seulement pas mauvais, pour peu que l’on soit prêt à le connaître, mais la connaissance de cet arbre, la connaissance du Serpent donc, nous mènerait même à la lumière suprême, selon ces kabbalistes. L’arbre des sephiroth de la kabbale juive est donc bien l’arbre défendu, la sephiroth la plus élevée aboutit d’ailleurs non pas au sommet de la vie divine mais au gouffre primordial du néant infini : l’Aïn Soph.
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La kabbale juive développe donc la connaissance du Serpent, la connaissance du bien et du mal, du bien défini par opposition au mal, du bien et du mal relatifs, du relativisme moral, du bien qui passe pour mal et du mal qui passe pour bien, du trafic moral, de la contrefaçon morale, la falsification morale, la fausse monnaie morale, de la tolérance à tout, à tous les mensonges, de la trahison tous azimuts, ce qui entraîne inéluctablement le règne du chaos, où le pouvoir suprême appartient au plus rusé : le Serpent. La connaissance du Serpent c’est donc tout simplement la ruse, qui vise non pas la lumière suprême mais le pouvoir suprême… D’ailleurs, la sephiroth suprême a pour nom : « Kether », la couronne…
Viktor von Berg
30 juin 2021 à 19 h 19 min
Merci pour ces aphorismes et réflexions qui m’apprennent d’autres façons de voir.
A vingt et un ans j’avais presque tout lu de Georges Bernanos et si je devais garder une phrase de lui qui décrive si bien notre civilisation actuelle :
(de mémoire) « Le modernisme est un conspiration constante contre toute vie intérieure. »
Cordialement à vous.