Mesdames et Messieurs du gouvernement, honorables sénateurs, parlementaires, députés, élus,
En vertu de mon statut de député de la circonscription des bien-pensants, j’ai l’honneur par ce modeste mémorandum, en ce beau mois de septembre 2021, d’apporter ma contribution au noble débat sur la vaccination obligatoire pour les femmes enceintes chevilles et poignets menottés sur leur lit d’hôpital pendant l’accouchement. Car c’est un noble débat. Je suis d’ailleurs surpris que cette proposition si simple et si humaniste suscite un débat. Mais c’est en même temps une preuve de notre belle et vivante démocratie. Car c’est bien au nom de la liberté que nous proposons la vaccination obligatoire pour les femmes enceintes chevilles et poignets menottés sur leur lit d’hôpital pendant l’accouchement, faut-il le rappeler à nos chers concitoyennes et concitoyens.
Après le beau succès de notre obligation vaccinale pour tous avec notre opération « Enfermement des non-vaccinés récalcitrants dans des camps pour une saine rééducation républicaine », dans le strict respect du salut public, j’entends ici et là des profanes suggérer qu’il est préférable d’attendre la naissance de l’enfant pour le vacciner, mais nous devons écouter la science, l’industrie pharmaceutique nous démontre irréfutablement que l’on peut sans aucun risque vacciner le fœtus dès le troisième mois de grossesse, voire vacciner l’ovule en piquant directement les ovaires et le spermatozoïde en piquant directement les testicules. Notre mission républicaine est de protéger les profanes de leur ignorance, et nous pouvons compter assurément sur les lumières de l’industrie pharmaceutique pour nous aider dans cette glorieuse mission. Que deviendrait notre belle et vivante démocratie sans sécurité sanitaire minimale, je vous le demande ; nous plongerions alors dans une tyrannie abjecte. Par la grâce de nos belles et justes institutions, notre liberté démocratique est toujours aussi vivace, le succès des dernières élections régionales en témoigne. Nous pouvons compter aussi sur l’appui de nos grands philosophes, comme Michel Onfray, Daniel Conversano, Dr Laurent Alexandre, et de nos éminents éditorialistes, journalistes, chroniqueurs, animateurs, médecins et professeurs. La démocratie consiste à protéger le peuple de lui-même et de son ignorance, en employant la force la plus brutale s’il le faut. Nous devons, à ce propos, nous méfier de ces mouvements nationalistes ou nationaux ; l’armée nationale doit détruire tout mouvement national, tout sursaut national, c’est une mission nationale de l’armée nationale. Je lance d’ailleurs ici un appel solennel à tous les généraux, actifs ou en retraite, pour tuer dans l’œuf tout sursaut national, il y va du salut national. Souvenons-nous de l’armée du Rhin. Un officier ou militaire qui soutiendrait ou approuverait de quelques manières un sursaut national serait emprisonné à perpétuité pour haute-trahison. Le peuple est trop ignorant, trop profane pour comprendre son propre intérêt et encore moins l’intérêt national.
Mais revenons à cette mesure sur la vaccination obligatoire pour les femmes enceintes chevilles et poignets menottés sur leur lit d’hôpital pendant l’accouchement. Nous devrions avoir le soutien des féministes et des écologistes. Ce sera plus compliqué avec les groupes religieux, préparons-nous donc dès maintenant à les dissoudre, il y va de la laïcité. Le peuple étant ignorant, le consentement éclairé était finalement une perte de temps complètement absurde, la vaccination obligatoire est une évidence. Compte tenu de l’état d’urgence, nous nous dégagerons juridiquement de toute responsabilité. La croissance nationale dépendra de notre capacité à imposer l’obligation vaccinale à tous et tout particulièrement aux femmes enceintes. Il y va du salut de la nation. Certains ennemis de la nation affirment qu’il n’y a plus de contre-pouvoir en France et que cela menacerait notre belle et vivante démocratie. Rappelons à ces salauds que la presse est libre en France. N’importe qui peut ouvrir une agence de presse, moyennant un capital de quelques dizaines de millions d’euros, la presse est donc libre en France. Ne laissons pas divaguer nos chers concitoyens sur ce thème précieux de la liberté. La liberté n’est rien sans la science, je dirais même que la science est garante de notre liberté, or la science est détenue par l’industrie pharmaceutique et ses relais, la liberté doit donc se soumettre intégralement et sans discussion à cette industrie. De plus, n’importe qui est libre d’ouvrir un laboratoire pharmaceutique moyennant un capital de quelques centaines de millions de dollars. Je ne comprends pas ces dénonciations d’une soit-disant ploutocratie qui se serait substituée à notre belle et vivante démocratie. N’importe qui peut créer en toute liberté une banque, moyennant un capital de quelques milliards de dollars.
Mais revenons à cette proposition sur la vaccination obligatoire pour les femmes enceintes chevilles et poignets menottés sur leur lit d’hôpital pendant l’accouchement. Il serait judicieux pour les récalcitrantes de leur injecter un sédatif avant le début de l’accouchement, un sédatif suffisamment puissant pour que le vaccin soit accepté sans résistance. Je suis sûr que nous aurons sans aucun problème l’approbation de l’académie de médecine, du conseil scientifique et de la haute autorité de santé, car c’est une mesure de salut public et de bon sens. Grâce au vaccin, un avenir radieux s’ouvre à notre chère nation. De toutes façons, la résistance des femmes enceintes ne se posera bientôt plus car la science mettra prochainement au point la technologie qui nous permettra de nous passer intégralement de l’utérus de la femme pour produire des embryons, des fœtus, des enfants… ce qui nous permettra au passage, par un habile montage juridique, d’en finir avec tous ces problèmes de filiation… et avec la filiation elle-même… Nous devrons donc bientôt voter une loi pour interdire la grossesse naturelle, afin de sécuriser et contrôler les naissances. Les mères récalcitrantes devront naturellement être séparées de leur progéniture pour leur bien et enfermées dans des camps, pour le salut de la nation. Nous devrons de la même manière contrôler et sécuriser l’agriculture, et enfermer dans des camps les paysans récalcitrants. D’une manière générale, rien de la vie humaine ne devra échapper au contrôle et à la sécurisation scientifique assurées par l’industrie pharmaceutique, médicale, chimique et agro-alimentaire. Pour les livres et les informations en général, cela devra être contrôlé et sécurisé scientifiquement par l’industrie de l’information et de la communication, il ne s’agit pas ici de censure mais de salut public. N’importe qui peut ouvrir un réseau de communication international moyennant plusieurs milliards d’euros, la dénonciation de la censure est tout bonnement irrecevable. Les récalcitrants seront nombreux, nous devons donc dès maintenant construire les camps de travail qui les accueilleront pour une saine rééducation républicaine ; à raison de 19 heures de travail pénible par jour, les plus tenaces finiront par céder, ou par mourir. Il y va du salut de notre république fraternelle, égalitaire et libre, pour laquelle nous avons fait couler tant de sang et nous en ferons encore couler autant que nécessaire pour la sauver, dusse-t-on éradiquer la moitié du peuple.
Comptant sur votre discrétion pour que ce mémorandum reste strictement confidentiel, soyez assurés de mes sentiments les meilleurs et les plus républicains
Confraternellement vôtre