Au début du millénaire
Par une onde lacunaire
Une muse tourmentée
Vint vers moi pour enchanter
Ma lugubre et triste vie
Ensevelie dans l’oubli
De ces grands éclats de joie
Piétinés par les bourgeois
D’une grâce mystérieuse
Telle une huile guérisseuse
Sur des brûlures d’esclave
Elle me sauva de l’enclave
Où m’avaient jeté entier
Sur le funeste sentier
De mon destin blasphémé
mes outrages essaimés
Dans ses bras le long voyage
Me porta vers les rivages
Du berceau de la sagesse
En l’antique et sainte Grèce
Derechef je résolus
De gravir la pente ardue
De l’olympe convoité
Des chercheurs de vérités
Dans les genêts assiégée
De mes espoirs enneigés
Je vis le feu perverti
Par des flammes inverties
Embaumé de vérité
Des frontières irritées
Je franchis la ligne rouge
Tracée pour que rien ne bouge
Arrivé par un lignage
J’entrai sous de lourds feuillages
Au grand temple des secrets
Chuchotés sous les apprêts
Le bon grain fila l’ivraie
Et ma jeunesse enivrée
D’ésotériques trouvailles
Se faufila dans la faille
Par mon esprit reverdi
De ces sujets interdits
Ma lanterne illumina
La crypte aux assassinats
Depuis si longtemps caché
Dans des feuillets attachées
Se révélait défleuri
Un passé de confrérie
Et sous mes yeux affolés
Voilà que se dévoilait
Leur effroyable destin
D’ennemis du genre humain
Je vis bien alambiqué
L’hérésie qui expliquait
Le chaos disséminé
En ce bas monde ruiné
Puis je remontai enfin
Pour apprendre à mon prochain
Non sans des difficultés
La sale histoire occultée
Mais le monde resta sourd
À mon récit au grand jour
Et leurs viles pantomimes
Me jeta aux bras des rimes