Plus j’avance dans ma compréhension du monde et de la vie, moins je crois au vide. Le vide est plein d’illusions. Ce qu’on appelle « vide » n’est qu’une densité infiniment faible, ou un phénomène infiniment faible, ou une force infiniment faible, ou une onde infiniment faible, ou une énergie infiniment faible, si infiniment faible qu’elle en devient inmesurable et encore moins perceptible ; pour autant, l’infiniment faible ne veut pas dire « rien », il n’y a donc pas de « vide », c’est-à-dire de vide absolu, vide de tout. Une baignoire vide contient quand même de l’air, et le vide cosmique intergalactique contiendrait de l’énergie noire, d’une densité de l’ordre de 10−29 g/cm³… ! On peut étirer la plus infime densité jusqu’à l’infini, il n’y aura pas « rien », jamais. Le vide n’existe donc pas. Et il n’y a donc que du plein, diversement densifié. Aristote, qui disait que « la nature a horreur du vide », avait donc raison sur Pascal, qui s’employa au contraire à en prouver l’existence, du vide, en 1648 au sommet du Puy-de-Dôme, alors que la France sombrait en pleine guerre civile, la fameuse Fronde contre la tyrannie étatiste de Richelieu…
Ainsi donc, le plein est l’origine de toutes les origines, et il est donc vain de vouloir se « retirer », « sortir » du plein, ou de se « rebeller » contre lui. Vouloir se le représenter ou le concevoir, c’est déjà tenter de s’en retirer, d’en prendre distance pour pouvoir le penser, le concevoir, c’est déjà vouloir en sortir, en vain donc… On ne peut pas penser le plein, toute pensée n’est qu’un mouvement du plein, et ce mouvement ne peut observer le plein puisqu’il en fait partie, tout comme une onde dans l’océan ne peut pas observer cet océan. « L’oeil ne se voit pas lui-même ; il lui faut son reflet dans quelque autre chose », écrivait Shakespeare dans sa pièce Jules César. Une pensée peut tout au plus penser une autre pensée, comme Spinoza pouvait penser Platon… ou comme Hânouna peut penser Dechavâne.
On ne peut donc pas connaître cette plénitude sans y plonger soi-même, comme on ne peut pas savoir si l’eau du bain est chaude sans y plonger soi-même, au moins sa main. Ce serait une erreur de croire que cette plénitude est immobile comme le fond de l’océan, car le plein est un acte, et plus précisément un déploiement. Ce n’est pas exactement le plein qui se déploie, mais plutôt le déploiement qui fait « plein ». Le déploiement est ontologiquement antérieur au plein. C’est sur ce mystérieux déploiement primordial que certains posent le mot de « divin ». Mais le plus mystérieux est l’unité de ce déploiement, sur laquelle certains posent le mot de « unité divine », ou de « amour divin ». Ce déploiement est intarissable, il ne se vide pas comme un réservoir qui serait plein, et qui se remplirait après s’être vidé, comme un compte en banque… Ce déploiement se déploie seul, sans que personne n’accomplisse cet acte. Un déploiement sans « déployeur ». Un acte sans personne qui accomplisse cet acte. Une création sans créateur. Il n’y a pas de « Dieu » créateur. La notion de créateur suppose celle d’individualité. Dans ce déploiement primordial, la création précède la naissance de toute individualité. C’est une erreur de nommer « Dieu » la toute première individualité, car celle-ci est nécessairement née, et que « Dieu » n’est pas né.
Ce déploiement n’a pas conscience de déployer, il précède la naissance de toute conscience, de toute conscience du temps, il précède donc tout temps. Il nous est difficile de concevoir la joie sans concevoir immédiatement la personne qui éprouve cette joie. Eh bien, ce déploiement primordial est joie, mais une joie qui n’est pas éprouvée, c’est une joie actée, une joie en acte. Tout comme on distingue l’amour éprouvé et l’amour en acte. Cette joie en acte est donc un acte qui n’est accompli par aucune individualité, un acte qui s’accompli lui-même sans que personne ne l’initie et ne l’accomplisse encore moins, une joie sans cause, sans condition, sans raison. Ce qui peut être dit de la joie ou de l’amour, peut également être dit de la clarté. C’est-à-dire qu’on peut distinguer la clarté éprouvée et la clarté en acte. Souvent les chercheurs de vérité cherchent à éprouver la clarté, la joie, l’amour au lieu de s’en faire le véhicule, l’instrument, le canal, la voie… Pour atteindre la pleine clarté, l’essence divine, il ne s’agit pas de chercher, d’agir, mais de laisser agir. De laisser agir en nous ce déploiement qui agit sans déployeur. Il ne s’agit même pas de vouloir percevoir la présence de cette plénitude primordiale, car là encore il faut distinguer la présence éprouvée et la présence en acte, en laissant agir l’acte dont résulte ladite présence, car ici ce n’est pas la présence qui agit mais l’acte qui aboutit à la présence. L’être est un acte sans sujet, un verbe sans sujet, ou plus précisément un verbe qui aboutit au sujet, et plus précisément encore, ce n’est pas un aboutissement c’est une déchéance. Le sujet cherche la pensée la plus pure, mais la pensée la plus pure est une pensée sans sujet ! La pensée la plus pure n’est donc pas une pensée rationnelle. Est-elle une pensée poétique ? Un poème sans poète ? Le verbe créateur est un poème sans poète, dont la pensée rationnelle est une déchéance, une déchéance qui s’aggrave lorsque le point de vue rationnel de l’empirique devient exclusif. C’est de cette aggravation que l’Occident se nourrit exclusivement, son effondrement est donc inexorable.
Les Occidentaux ont ce fâcheux penchant d’être fascinés par les oeuvres, les réalisations de l’esprit dans la matière – par la science rationnelle -, jusqu’à être fascinés par la matière, cette matière qui épouse toutes les formes, et plus précisément encore, fascinés par le pouvoir qu’on peut avoir sur la matière pour y créer des formes, les transformer… et finalement fascinés par le pouvoir, et uniquement le pouvoir. Ce fâcheux penchant les conduit donc à être fascinés par le pouvoir, conféré par la science… Malheureusement cette fascination du pouvoir exercé est un cercle vicieux, où ladite fascination devient avidité et où finalement celui qui veut posséder toujours plus de pouvoir finit par en être possédé lui-même, et quand ces possédés dirigent les affaires d’une nation, celle-ci est nécessairement emportée vers la perdition. Dans ce cercle vicieux, le vice c’est évidemment l’orgueil, et le cercle qui induit des pouvoirs vertigineux c’est la science, les sciences empiriques. L’Occident s’est enfoncé trop loin dans ce cercle vicieux pour pouvoir faire marche arrière, son effondrement est inéluctable.
La science rationnelle objective n’est en elle-même ni vicieuse ni vertueuse, c’est simplement une logique convergent vers l’objet, une logique qui, si nous n’en prenons pas garde, nous entraine vers la réduction du sujet humain à l’objet, l’objet sans vie, et donc vers l’extinction de l’humanité. Pour que cette logique soit jusqu’au bout mise en œuvre par l’homme, toute vertu doit donc être détruite. L’Occident est le nom de la destruction totale de la vertu. Quand l’exercice de la science est vertueux, il préserve le sujet humain, la vie du sujet humain et sa possible émancipation spirituelle. Et quand cet exercice se laisse emporter par le vice, il perd le sujet humain et tout espoir de retrouver son essence – l’essence divine -, de retrouver toute trace de cet espoir ; en détruire la moindre trace telle est la volonté acharnée de l’Occident. Faire disparaître les traces de son crime est la grande passion de cet Occident, qui expiera son crime par son effondrement. L’antique sagesse grecque exhortait à ne pas accuser cela qui, juste mais mystérieux, nous conduit infailliblement, par des voies non-tracées, de la faute au châtiment.
Farid Soumari
28 avril 2023 à 23 h 14 min
Si l’univers à une origine, cela ouvrirait la possibilité d’un éventuel créateur qui a initialement créé l’univers. Vous-êtes vous déjà demandé : pourquoi tout existe au lieu de rien ? Prenons le Big Bang : toute la matière ainsi que toute l’énergie furent créées durant cet événement, l’espace physique ainsi que le temps.
Premièrement, tout ce qui commence à exister à une cause.
Deuxièmement, l’univers a commencé à exister.
Troisièmement, par conséquent, l’univers a une cause.
Cela ne veut pas dire que cette cause est Dieu, cela n’implique rien, cela implique seulement qu’il y a une cause à l’origine de la création de l’univers.
Mais allons un petit peu plus loin en se demandant qu’elle puisse être la nature de cette cause. Et si ont réfléchit à la nature de cette cause par la biais d’une analyse conceptuelle, c’est-à-dire avec une pensée critique et en y réfléchissant bien, on arrive à une conclusion surprenante : la cause de l’univers est forcément immatérielle et non soumise au temps et à l’espace. Donc, cela peut être des objets abstraits ou un esprit non-physique et seulement ces deux choses. La pensée vient en premier et l’énergie en découle ou l’inverse…
Mais alors, quel est le meilleur candidat, les objets abstraits sont déficients en causalité : le chiffre 1 ne peut rien causer. 1+1 = 2 n’a jamais rien crée. Si je mets 1000 euros aujourd’hui à la banque et 1000 euros un autre jours, les lois arithmétiques vont très bien servir à expliquer que j’ai 2000 euros. Si je ne mets pas d’argent à la banque et que je compte uniquement sur les lois arithmétiques pour causer de l’argent, je serai en faillite. Il nous reste un esprit non physique et d’où vient-il, sa naissance…
Eh bien, c’est très simple : afin de réaliser qu’une explication est la meilleure, cela ne nécessite absolument pas d’avoir une explication de l’explication. Afin de reconnaitre qu’une explication est la plus logique, vous ne devez pas être capable de donner l’explication de l’explication. Un point élémentaire dans la philosophie de la science.
Par exemple, imaginons que des astronautes découvrent à l’arrière de la lune un ensemble de machines perfectionnées qui n’ont pas été laissé par d’autres astronautes. Qu’elle serait alors la meilleure explication sur l’existence de ces machines ? Ce seraient bien évidemment des extra-terrestres qui auraient laissé ces machines sur place. Et vous n’avez pâs besoin d’une explication sur qui sont ces extra-terrestres ou d’où viennent-ils et comment sont-ils venus ici afin de reconnaitre que la meilleure explication pour ces machines est une forme d’intelligence extra-terrestre.
Donc, afin de reconnaitre qu’une explication est la meilleure, vous n’avez pas à avoir une explication de l’explication. Si on devait avoir une explication de l’explication, cela nous conduirait à une régression infinie d’explication. Et donc rien ne pourrait être expliqué. Il y’a forcément un cause qui n’est pas causée par une autre ou sinon rien n’existerait aujourd’hui.
Prenons une chaine de dominos. Vous avez un dominos qui en fait tomber un autre et un autre puis un autre, j’ai forcément besoin d’un premier dominos ou alors cette chaine ne pourrait jamais commencer. Tout ce qui commence à exister à une cause, quelque chose ne peut pas apparaitre à partir de rien mais si quelque chose est éternel et intemporel, cela n’a pas besoin de cause. Et le concept de Dieu est un être éternel qui subsiste par lui même et donc Dieu est simplement non causé par quelque chose, car il se suffit à lui-même. Ont pourrait aussi dire que cette cause est personnelle, puisque une cause personnelle crée un effet fini (l’univers).
Il y a bien un Dieu créateur. Et dans ce cas précis, la création ne précède pas « la naissance de toute individualité. »
Très respectueusement, amicalement