Par une nuit la plus bistre
Sous des étoiles sinistres
Sans un souffle de ministre
Ni le bruit du moindre cuistre
Tout au bout du bout du monde
Sans une vie sans une onde
Où le néant à la ronde
Geint sans que rien ne réponde
Une balle rebondit
Au fond d’un désert maudit
Et les ombres affadies
Se raidissent puis s’écrient :
« Les échos de tes rebonds
Nous écorchent au plus profond
Va mourir idiot ballon
Toi et tes horribles sons »
« Mais enfin par quel détour
Est venu ce troubadour
Pour narguer notre séjour »
Dit un squelette alentour
Mais la balle est insouciante
Bien cruelle et suppliciante
Elle s’amuse scintillante
Dans les ténèbres glaçantes
Comme un grand éclat de rire
Au cimetierre du pire
Où des traces de soupir
N’en peuvent plus de mourir
Étincelante d’ardeur
L’effrontée bât comme un cœur
Et résonne de bonheur
Devant Perséphone en pleurs
L’élan de danse hérétique
Trouble les Enfers sceptiques
Où des ombres maléfiques
Hantent les âmes iniques
« Saisissons cette importune
Qui trouble notre infortune
Dans nos ténèbres communes »
Clame alors la nuit sans lune
Et la balle ricochant
Sur des rochers consentants
Ne voyant pas un instant
Un danger si insistant
Tombe soudain sur du sable
Dans un silence implacable
Pour devenir tout semblable
Au désert inexpugnable
Et le temps fit son ouvrage
Couvrant de sable volage
Par quelques vents de passage
Toute trace de l’outrage