Voir Bangkok et crever, par Lotfi Hadjiat

Alors que je me baladais dans les lumières de Bangkok-by-night, très animé en ce printemps 2023, à la recherche d’un bar littéraire, j’aperçus au coin d’une rue une espèce de truie à barbichette et à lunettes dodelinant des fesses glousser aux abords d’une pute, qui accepta finalement de monter avec l’étrange bestiau dans un hôtel miteux alentour. Son visage me rappelait quelque qu’un… mais oui, c’était Rudi Reichstate ! Le très médiatique journaliste français pourfendeur de complotistes… Des biftons débordaient des poches de sa veste Burberry et un cigarillo était planté dans sa gueule visqueuse de gastéropode.

Cette situation m’intriguait. Je m’assis à une terrasse de resto avoisinante et observai la suite des événements. Je pris un petit repas typique aux riches et subtiles saveurs en guettant le retour du bestiau. Au moment où je payai l’addition, j’aperçus Rudi sortant de l’hôtel, jetant un dernier regard sur la pute avant de s’éloigner…
Je m’approchai aussitôt de la fille de joie pas très joyeuse.

- Il est drôle ce type…, lui dis-je d’un sourire.

- C’est un habitué… il demande toujours la même chose : qu’on lui pisse dessus, me répondit-elle écœurée dans un français impeccable.

- On dirait un croisement entre une limace obèse et une truie diabétique…, observai-je.

- Effectivement…, fit-elle en s’esclaffant. Y a une soirée dans sa suite d’hôtel demain soir avec des filles qui vendent chers leurs charmes… festin, champagne, drogue…

- Il a gagné au loto ?, dis-je étonné.

- Il m’a parlé d’une riche bienfaitrice, Marianne…, dit-elle en regardant des passants.

- Ah, l’ordure… , murmurai-je.

- Tu le connais ?, fit-elle en se retournant.

- C’est un agent de propagande du gouvernement français, un parasite abominable qui s’est engraissé sur un enseignant décapité… le fameux « fonds Marianne »…, lui expliquai-je.

- Ah ouais…, lâcha-t-elle éberluée.

- Ça serait marrant de filmer sa soirée de demain en caméra cachée…, pensai-je tout haut.

Sans que je le lui demande, elle me fila le nom de l’hôtel et le numéro de la chambre, en me souhaitant bon courage. La remerciant et lui souhaitant que la providence comble son cœur, je m’acheminai vers le bar littéraire où je devais intervenir sur Spinoza. Contre toute attente, mon intervention fut un franc succès et j’en ressortis avec des liasses de billets inattendues.

Le lendemain matin, je me rendis au Sofitel… après avoir acheté une micro-caméra avec une commande à distance. Je pris un thé au bar de l’hôtel et peu à peu sympathisai avec le petit personnel. Par une chance extraordinaire, une employé de ménage parlant français me reconnut. Elle avait lu quelques uns de mes articles et vu quelques unes de mes vidéos.

« Est-ce qu’on pourrait parler un peu à l’écart ?…, vous pouvez peut-être m’aider », lui dis-je. Sans hésitations, elle me proposa qu’on se voit à l’extérieur de l’hôtel dans le petit parc en face, à la fin de son service vers midi. Je la remerciai et rejoignis le petit parc, faisant quelques tests avec la caméra en l’attendant. L’image et le son étaient bons, suffisamment bons pour faire exploser cet ignoble porc en plein vol. Malee, c’était son prénom, me rejoignit enfin, souriante et enthousiaste. Je lui expliquai en détails la sale histoire et mon plan pour en finir avec l’épouvantable parasite. De surprises en étonnements, elle accepta finalement de placer la micro-caméra dans la suite de l’infâme crapule.

Le soir venu, tout se passa comme prévu. J’actionnai à distance la caméra lorsque les putes de luxe entrèrent dans la suite. Tout se passa comme prévu car non seulement il déversa sur les michetonneuses une pluie de billets de banque en chantant à tue-tête : « Merci Marianne ! Merci Samuel Paty ! », avant qu’elles lui pissent dessus abondamment, mais surtout, surprise du chef, alors qu’il avait les yeux bandés et les pieds et les mains attachés, elles déféquèrent également sur lui, sur sa tête en particulier. Lorsque l’immonde Rudi réussit enfin à se défaire de ses liens, les chipies n’étaient déjà plus là.

Le lendemain, je retrouvai Malee, dans un restaurant chic, pour lui montrer notre chef-d’oeuvre. Par une chance extraordinaire, elle avait un frère informaticien, et m’assura qu’il ferait le nécessaire pour diffuser la pépite sur le Net mondial. « Surtout en France ! », lui dis-je ravi de son initiative. Je la quittai en lui laissant tout ce que Spinoza m’avait fait gagner au bar littéraire la veille. Une somme rondelette qui lui permit carrément d’ouvrir un commerce qui lui apporta une prospérité bien méritée.

De retour en France, à peine avais-je posé le pied à Roissy terre de Gaule, que la gueule de Rudi s’étalait salement dans les journaux, les lunettes pleines de merde. La date du procès était déjà fixée, et le sordide Rudi avait été mis en détention provisoire. La presse hurla au complot antisémite mais rien n’y fit. Les fact-checkeurs tentèrent de démontrer scientifiquement que la vidéo n’était qu’un montage bidon, de défaker la défécation, en vain… Le mis en examen comparut finalement devant le tribunal et écopa de dix ans de prison. À sa sortie de taule, il publia un livre intitulé : « Pour laver mon honneur », qui se vendit à 3 exemplaires. Et on l’oublia. Quelques années plus tard, on découvrit son cadavre rudement putréfié dans une poubelle abandonnée, à laquelle on mit finalement le feu pour éviter toute infection.