Être ou ne pas être
Naître ou ne pas naître
Connaître ou reconnaître
Aux balcons ou aux fenêtres
Sur cour ou sur mer
De Dieu ou du Christ
Ressuscité ou décédé
Telle est la question
Qu’on lance par la fenêtre
Ouverte aux promesses
De voir le feu naître
Ou fermée aux rudesses
Pour ne pas qu’il s’éteigne
Éteindre ou étreindre
Telle est vraiment la question
Étreindre une image
Dans la petite lucarne
Jusqu’à la briser enfin
Faire couler jusqu’à plus soif
Nos ténèbres aux mille maîtres
Jusqu’à la source définie
Du nectar de vie
Qui brûle nos oripeaux
Sur le chemin de Croix
Pour mourir à la grâce
Sans écran sans fenêtre
Pour écrire sur l’envers
Et peindre sur l’avers
Le crédo de nos rêves
Tirer les rideaux
Et sortir enfin
Sortir de la Caverne
Se sauver des Cavernes
Diablement convoitées
Habilement emboîtées
Comme des poupées russes
Lâcher les fenêtres
Laisser le feu naître
Et les flammes dévorer
La tiare dévernie
De l’ancienne vanité
Les laisser danser
Sur des chants hérétiques
Leurs figures érotiques
Aux sourires erratiques
Qui font voler en éclats
Les fenêtres impavides
Devant les pas vides
Qui traînent les chaînes
De la ronde du temps
Ou épiant nos pas ivres
Vers l’infamante vouivre
Des passions sans ciel
Perdues dans les venelles
De ce monde cruel
À la guise du désespoir
De l’abîme le plus noir
Jusqu’au jour propice
Où l’on va sans un mot
Atteler ses espoirs
Dans la brume d’un matin
Pour partir enfin
Le cœur serré vers l’inconnu
Tourmenté par un ailleurs
Appelé par un lointain
Conquérir son destin
Au défi de la mort
Aux murmures des ombres blêmes
En quête obstinée
D’une éternelle aurore
D’un absolu amour
Inspiré d’un archange
Ou pour en faire un poème
Qu’on accroche aux fenêtres.