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Vidéo de ma conférence à Bruxelles avec Salim

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Voici mon intervention à Bruxelles le 2 juillet 2023, sur le thème du modernisme et de la tradition, suivie de celle de Salim. Comme il y a des petits problèmes de son pendant 3 minutes, je publie ci-dessous le texte in-extenso de mon intervention (avec le passage inaudible en caractère gras), comme me l’avaient par ailleurs demandé certains.

Merci à tous ceux qui m’on témoigné là-bas leur estime, leur encouragement, leur soutien, leur sympathie.

Pour lancer la vidéo, cliquez sur le lien ci-dessous :

https://m.youtube.com/watch?time_continue=4830&v=msOLbLniEiA&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fartemus.info%2F&source_ve_path=Mjg2NjY&feature=emb_logo

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis très heureux de faire cette conférence ici à Bruxelles, cette ville historique qui est malheureusement devenue en quelques décennies le bastion du mondialisme, l’État-major de toutes les terreurs imposées aux peuples au nom de la modernité, du progrès et au nom d’une science qui prétend tout expliquer, répondre à toutes les interrogations humaines et apporter aux hommes la solution à toutes les difficultés de leur existence. Cet antre bruxellois de la Bête globaliste est vraiment l’endroit idéal pour tenter de la démasquer, de détruire ses artifices, ses manipulations et ses fourberies qui font sa puissance.

On pourrait commencer d’abord par dater le moment où cette modernité s’est affirmée comme une nécessité, comme un impératif pour conduire scientifiquement l’humanité à la paix, à l’harmonie et au bien-être, pour la sortir des ténèbres de la superstition et de l’ignorance. Et ce moment se situe au XVIIIème siècle. Peu à peu, la science devint donc un impératif pour guider et édifier l’humanité, un impératif exclusif, excluant toute morale qui freinerait le progrès de cette science, excluant toute intuition non-validée par la science, c’est-à-dire non-contrôlée par les sciences empiriques, qui prétendent agir pour la sécurité de l’homme, pour sa sécurité intégrale, en le mettant en sécurité de toute intuition qui pourrait lui nuire. Et il y a en particulier une intuition persistante depuis des millénaires, une intuition que cette science exclusive rejette obstinément, c’est l’intuition d’une vie en-deçà de toute matérialité, d’une vie intérieure libre, tourmentée par une imagination encore plus libre. Intuition d’une vie non-biologique, d’une vie spirituelle, précédant la matière. C’est cette intuition que j’appelle : l’intuition du divin.

Aujourd’hui, cette science moderne a quasiment réussi à faire disparaître cette intuition du divin parmi les hommes. Et elle y a réussi en imposant une définition du réel, une définition qui n’est qu’un postulat et qui dit ceci : le réel c’est ce qui est mesurable. C’est le physicien Max Planck qui a proposé cette définition. Du coup, si on applique cette définition, la bienveillance n’est pas réelle puisqu’elle n’est pas mesurable, la compassion et le pardon ne seraient pas réels non plus puisque pas mesurables et surtout l’intuition du divin, l’intuition spirituelle ne seraient pas réelles puisque pas mesurables non plus. Et puisque les vertus ne seraient pas réelles puisque pas mesurables, cette définition scientifique, vous l’avez compris, entraîne ainsi le monde à ne plus croire en la vertu, l’entraînant ainsi dans un nihilisme radical et bestial devenu incontrôlable, du plus haut sommet de l’État jusqu’à notre simple quotidien, comme vous avez pu le remarquer. Un nihilisme fanatique auquel répond fatalement le fanatisme religieux tout aussi nihiliste finalement ; et la science moderne répond à cette violence inouïe par la terreur sécuritaire. Entre ce nihilisme fanatique qui détruit la sacralité de la vie et le fanatisme religieux qui détruit lui aussi la sacralité de la vie, nous sommes pris en étau, et écrasés encore par la terreur sécuritaire scientifique qui s’obstine à prétendre qu’elle n’agit que pour le salut de l’homme, son salut réel, matériel, son salut mesurable donc. On pourrait décrire cette science moderne comme le syndrome d’une maladie, d’un attachement maladif à la matière, d’un asservissement à la matière, d’une aliénation folle à la matière, qui voit évidemment dans cette intuition de vie spirituelle un danger mortel, car cette intuition qui fonde la sacralité de la vie ne fait de la matière qu’une ombre, une ombre obéissante, servile… un reflet éphémère de la réelle vie spirituelle.

Cette science moderne s’acharne donc à disqualifier cette intuition, en soulignant d’une part l’absence de preuves empiriques qui pourraient prouver la causalité de l’esprit vers la matière, c’est-à-dire la preuve mécanique, et en postulant d’autre part que la preuve mécanique est le critère ultime de vérité. Mais comme tout postulat, ce postulat est indémontrable. Ce point de vue mécaniste n’est qu’un point de vue du corps, Hume et Nietzsche l’avaient compris. La tradition de l’Arbre de vie nous apprend que la création divine n’est pas une mécanique, une causalité, mais un don, le don de la vie. Même l’objectivité est un point de vue du corps, qui réduit le réel à l’objectivable. L’objectivité est relative au sujet humain. La vie divine n’est non seulement pas objectivable, mais elle n’est même pas subjectivable puisqu’elle n’est pas sujet, puisqu’elle est souveraine précisément. La vie divine est souveraine, la vie est souveraine, en dépit de la chair, en dépit de l’objet, en dépit d’une quelconque substance objectivable, en dépit de l’être. Voilà la tradition de la vie primordiale.

Cette intuition du divin, si scientifiquement niée aujourd’hui, s’est manifestée ou exprimée chez l’homme depuis des millénaires, de manière plus ou moins confuse. L’Histoire retient le nom du premier être humain qui a éclairé magistralement cette intuition auprès des hommes paléolithiques de l’époque. Cet homme c’est Adam, le grand prophète dont parlent les Écritures, l’initiateur d’une nouvelle humanité, l’initiateur de la toute première tradition, la tradition de l’Arbre de vie, de la vie primordiale. C’est cet homme qui révéla aux hommes primitifs l’Arbre de vie en eux, l’arbre des chakras, qui leur enseigna le chemin intérieur qui fait croître l’intuition du divin en germe dans le cœur de l’homme jusqu’au sommet de l’Arbre de vie spirituelle, car quand on parle de l’Arbre de vie il s’agit de vie spirituelle. Faire croître cette intuition du divin c’est l’éclairer, et c’est d’abord éclairer cette notion du divin, cette notion floue envisagée par l’homme. Il faut bien avouer que beaucoup de chercheurs se sont cassés les dents sur cette notion abstraite, rendue abstraite… Car rien ne nous est plus intime que la vie divine en vérité. Sauf que le spectacle de la nature et de l’univers infini nous fascine tellement qu’on en oublie cette vie si profondément intime, comme un homme profondément malade depuis longtemps en oublie la santé, ou comme un condamné si gravement coupable qu’il en oublie l’innocence, ou qui perçoit l’innocence comme quelque chose d’irréelle. Les hommes préhistoriques avaient paradoxalement une perception du divin plus vraie, plus vivante que celle de l’homme moderne, ils percevaient l’univers pleinement vivant et se percevaient eux-mêmes comme une infime goutte d’eau survivant dans cet univers vivant ; aujourd’hui, c’est l’inverse, l’homme moderne se perçoit comme une goutte de vie extrêmement subtile dans un univers infini non-vivant. En voulant clarifier par l’intellect exclusif cette perception originaire confuse du divin, on s’en est finalement éloignée, en imaginant des concepts toujours plus abstraits pour nous abstraire justement de cette nature éprouvante. Certains penseurs, comme Spinoza, ont envisagé un être divin, ils l’ont envisagé comme une substance objective déployant la vie à l’infini. Mais ici, nos catégories de pensée nous conduisent à une impasse. Car dès lors qu’on envisage une substance objective, on s’interroge tout de suite sur sa cause, et la cause de sa cause, et ainsi de suite en tentant de remonter la chaîne des causes dans une régression à l’infini.

Cette vision mécaniste des phénomènes, héritée de la perception mécanique de notre corps, nous conduit donc à envisager le Créateur divin comme la cause première qui entraîne toutes les autres. Mais ce point de vue de cause à effet est un point de vue du corps, je le répète, point de vue par lequel notre instinct corporel cherche tout simplement la mécanique d’un phénomène, pour éventuellement y trouver son intérêt, une utilité, une possibilité d’augmenter sa sécurité, sa puissance, ou de se l’approprier. Mais la Création divine n’est pas un phénomène, ce sont bien plutôt les phénomènes qui résultent de la Création, et les causes qui résultent de la Création, qui est un don, don de la vie. Le Créateur divin est précisément le créateur des causes, des substances, des êtres. Là où l’homme voit de la matière inerte, de la non-vie, le Créateur divin y voit la vie et ses reflets.

Il faut donc considérer que cette supposée « substance » divine n’est pas à proprement parler une « substance » objectivable, il s’agit plutôt de considérer la vie divine comme une vie qui n’a pas besoin de substance pour être vivante. On conçoit toujours la vie assignée à un être, on envisage habituellement la vie comme un « corps vivant » ou un « être vivant », on conçoit d’abord « l’être » avant de le concevoir « vivant » ; dans notre esprit l’être précède la vie (et c’est aussi la conception de René Guénon), et on se demande alors quelle est la nature de cet être vivant. Mais la vie divine est précisément la vie qui précède la nature, qui précède l’être, la vie qui n’a pas besoin du support de l’être pour se déployer, la vie libre de tout être, la vie déterminée par aucun être. C’est ce que pensait l’immense philosophe mystique Plotin. La vie divine est donc cette vie libre de tout être, cette vie qui va créer les êtres. Il y a un peu de cette vie divine en l’être humain, qui rend libre son esprit malgré les entraves charnelles, qui le fait douter, qui fait de lui un être moral, doué d’un libre arbitre et conscient de ses servitudes, et conscient aujourd’hui de son enchaînement progressif à cette matrice scientifique infernale sans limites.

Le modernisme c’est cette matrice scientifique qui combat donc avec acharnement cette conscience des servitudes, propre à l’être humain, et qui en vient même à combattre le doute qui conteste cette matrice, le doute qui est pourtant le moteur de la connaissance… Cette matrice, cette nasse scientifique très moderne est une aliénation intégrale, une négation de la science véritable qui devrait nous libérer justement de toute aliénation. Comble du paradoxe, les autorités médiatico-scientifiques aujourd’hui nous somment de croire en la science !!! Trahissant par là-même l’idéologie religieuse qui sous-tend cette matrice, l’idéologie de cette modernité. Idéologie messianiste qui était le sujet de ma conférence à Lille, en mai 2022, intitulée justement : « Le messianisme scientifique ». Idéologie en rébellion contre la création divine, rébellion primordiale contre le don divin, rébellion démoniaque qui veut tout s’approprier sans rien donner, rébellion qui vampirise la vie jusqu’à la mort, rébellion des usuriers… Cette idéologie fut initiée par la promesse du Serpent biblique, promesse à laquelle on nous somme de croire aujourd’hui ; cette idéologie fut transmise par la postérité du Serpent, à commencer par Caïn, fils maudit d’Adam ; idéologie que cette postérité maudite déploya à Sumer et qui grava par l’écriture ses paradigmes, et en particulier ce paradigme très moderne qui considérait la matière chaotique primaire comme la réalité primordiale, comme un chaos fertile, chaos magique produisant l’univers, les dieux, les êtres, la vie sous toutes ses formes… Et la science moderne dit exactement la même chose quand elle dit que c’est par le hasard magique que la vie apparut sur Terre à partir de la matière primordiale. Nous serions donc les esclaves irrémédiables de la matière. Finalement, la modernité commence à Sumer. Sumer et Babylone… sans parler des villes très modernes de Sodome et Gomorrhe… Cette fertilité magique de la matière chaotique primordiale fut représentée en Mésopotamie sous la forme d’une déesse-serpent, appelée Nammu, à Sumer, et Tiamat à Babylone. Nammu était aussi appelée « la mère primordiale », « la déesse-utérus », « la matrice »…

Le paradigme du Serpent consiste donc à dire que la matière est fertile, féconde, en un mot qu’elle est donatrice. Donatrice de vie, donatrice de tout. Qu’elle ne procède de rien et qu’elle précède tout. Ce paradigme du Serpent est le paradigme exact de la modernité. Mais ce n’est qu’un paradigme, qu’un postulat. Et ce postulat est impuissant à expliquer certains phénomènes. La xénoglossie, par exemple. La xénoglossie c’est le fait pour une personne de parler spontanément une langue étrangère sans l’avoir jamais entendue auparavant. Par exemple, un enfant japonais en bas âge n’ayant jamais quitté son cocon familial traditionnel japonais et qui se met subitement à parler mexicain !… L’historien Dominique Larmier rapporta un cas de xénoglossie extrêmement troublant ; je le cite : « Un célèbre médecin de New York, le docteur Marshall Duffie, mort dans les années 1930, raconte comment ses fils jumeaux parlaient entre eux une langue étrangère inconnue. Les deux enfants furent emmenés au département de langues étrangères de l’université Columbia, à New York, mais aucun des professeurs ne put identifier leur idiome. On fit venir par la suite un professeur de langues anciennes qui, à son grand étonnement, découvrit que les deux bambins parlaient l’araméen ». Fin de citation. Extrêmement troublant.

La science moderne est impuissante à expliquer ce phénomène extraordinaire car le paradigme du Serpent qui fonde cette science considère que tous les phénomènes sans exception sont produits exclusivement par des interactions matérielles, or ce phénomène extraordinaire de xénoglossie est précisément matériellement impossible, selon cet exclusivisme. Ce paradigme et cette science sont donc réfutables et réfutés. Le chercheur Ian Stevenson proposa d’expliquer la xénoglossie par la réincarnation de l’âme, une âme vivante en deçà de ses incarnations, et qui peut parfois, rarement, se souvenir de ce qu’elle connaissait dans une vie antérieure. Du coup, la vie de l’âme précèderait la chair, et donc la matière.

Chez Plotin aussi, la vie de l’âme précède la matière. Plotin était l’héritier de la tradition de l’Arbre de vie. Sans doute ne le savait-il pas. Chez lui, tout procède de l’unité divine vivante, c’est la première hypostase (« hypo-stase » veut dire ce qui se tient en-dessous, en dessous de la matière en l’occurrence). Et de cette première hypostase procède la seconde hypostase, le Verbe, le Verbe divin vivant, duquel procède enfin la troisième et dernière hypostase, l’Âme universelle vivante, l’anima mundi comme disait Platon, l’Âme du monde. Ces hypostases sont donc toutes les trois donatrices, donatrices de vie. Et c’est la dernière hypostase, l’Âme universelle donc, qui va donner la matière primitive, non-vivante et non-donatrice. L’énigme ce n’est donc pas l’apparition de la vie mais l’apparition de la non-vie. La vie est de toute éternité, c’est la non-vie qui est apparue, par cette matière primitive. Et cette matière n’est pas donatrice, elle ne donne pas la vie, elle ne donne rien, elle reçoit seulement les formes, les idées venant des hypostases, en leur obéissant comme une ombre, comme une esclave. La matière n’a aucune forme mais elle reçoit toutes les formes. La matière n’a aucune vie mais elle reçoit toutes les vies. Et la vie divine donne toutes les vies. La tradition primordiale c’est tout simplement la tradition de la vie primordiale, qui fait de la vie la réalité primordiale qui précède tout, qui précède l’unité, qui précède l’être, qui précède la matière, qui précède l’infini, qui précède le temps… qui précède toutes ces notions métaphysiques laborieuses… le temps n’est pas une perception mais une conception, une conception linéaire problématique de la durée, de ce qu’on endure… L’intuition de l’éternité de la vie est finalement la perception la plus pure, la plus simple, la plus claire de la durée… Et il n’y a d’éternité que l’éternité de la vie. Telle est la tradition de la vie primordiale, la tradition de l’Arbre de vie enseignée par Adam, qui selon moi viendrait d’Hyperborée, en m’appuyant en particulier sur les thèses hyperboréennes de Bāl Gangādhar Tilak, un savant hindou du XIXème siècle, qui inspira notamment René Guénon et Julius Evola, et qui enseigna aussi une convergence doctrinale entre l’advaïta vedanta et l’islam, qui me paraît tout à fait pertinente.

Les auteurs de l’Antiquité rapportent que ces Hyperboréens vivaient sans vieillesse et sans maladie, sans guerre, sans violence, ni discorde… le fameux âge d’or… Ils vivaient sur des îles arctiques, du grand Nord, qui autrefois étaient verdoyantes. Ils célébraient journellement le divin par des chants et des danses dans des jardins luxuriants, qui ne sont pas sans rappeler le jardin d’Eden biblique, le Paradis perdu… Les anciens Grecs l’appelaient le « jardin des Hespérides », jardin des délices où régnait une douceur de vivre indicible… L’infinie grâce des Hyperboréennes n’avait d’égal que leur beauté. Voilà comment Hésiode, poète Grec du VIIIème siècle av. J.-C., décrivait les Hyperboréens dans son livre Les travaux et les jours, je le cite : « Les Hommes à cette époque ne travaillaient pas et vivaient en accord parfait avec la faune et la flore, les sacrifices étaient donc inexistants. Les Hommes n’étaient pas à proprement parler « humains » ; ainsi, ils ne se reproduisaient pas, mais étaient « semés ». Les saisons étaient inexistantes, ils vivaient dans un printemps éternel. La nature était d’ailleurs bienfaitrice (mère nourricière) et leur fournissait tout sans aucun effort. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mains, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Mourants, ils semblaient succomber au sommeil ». Fin de citation. Tout cela ressemble quand même beaucoup au jardin d’Eden biblique.

Finalement, ces Hyperboréens menaient tout simplement une vie divine dans une innocence joyeuse et douce, sans attention pour le reflet et l’ombre, sans attention pour la matière perçue qui n’est que reflets et ombres de notre âme, troisième hypostase. Quand notre âme est harmonieuse, qu’elle a conquis son unité, notre vie matérielle est harmonieuse ; et quand notre âme est agitée et douloureuse, notre vie matérielle est agitée et douloureuse. La matière est l’ombre de notre âme, la matière est notre esclave et nous ne le savons pas, et ne le sachant pas nous devenons aliénés, esclaves de la matière, esclaves de ses promesses séduisantes, de ses promesses charnelles…

Cette humanité subtile hyperboréenne, cette nouvelle humanité initiée par Adam, le premier Hyperboréen, avait été créée pour guider et redresser les hommes primitifs embourbés dans la sauvagerie paléolithique ; dans la sourate de L’homme, il est dit que « durant une période l’homme ne fut même pas une chose digne d’être mentionnée » !! Effectivement, c’est la période paléolithique. Le livre d’Enoch nous dit que la grâce et la beauté des femmes humaines – hyperboréennes selon toute vraisemblance – séduisit et attira ceux que la Bible appellent les Béni-Élohim, des esprits, qui veillaient jusque-là sur les hommes primitifs, Enoch les appellent d’ailleurs les « Veilleurs ». Ces derniers virent par le biais de cette nouvelle humanité un moyen de hâter le redressement des hommes primitifs, en engendrant une postérité de chair avec les Hyperboréennes. Le Créateur divin demanda alors au chef de ces Béni-Elohim, qu’on appelle Lucifer, de se prosterner au contraire devant le prophète Adam, divinement établi comme vicaire sur Terre. Lucifer ne s’inclina pas, faisant valoir qu’il avait été créé d’un feu subtil sans fumée et que Adam avait été créé d’argile, ce fut donc là le premier cas de mépris racial de l’Histoire, subi par Adam l’Hyperboréen donc. Bien-sûr, ce feu subtil sans fumée est plus subtil que le feu simple, qui lui-même est plus subtil que l’argile. Mais la hiérarchie matérielle ou charnelle ne détermine pas la hiérarchie morale chez les vivants. L’esprit souffle où il veut, disait Jésus à Nicodème, dans l’évangile de Jean. Lucifer révélant donc son orgueil fut déchu, précipité du Ciel vers la Terre, du Ciel de vie vers la terre de science, de l’Arbre de vie vers l’Arbre de science, et devint le Prince de ce monde ici-bas. Le prince d’en-haut devint le prince d’en-bas. La seule hiérarchie qui vaille au regard divin pour les vivants c’est la hiérarchie morale, la vertu en haut, le vice en bas, et l’orgueil est le vice le plus insidieux. Quant à la plus noble vertu, chez les hindouistes notamment, pour les brahmanes, c’est la vertu aryenne de l’ahimsa, qui signifie en sanskrit : ne pas nuire à la vie.

Contrevenant aux recommandations divines, ces êtres célestes déchus approchèrent donc ces belles Hyperboréennes, s’unirent à elles et « leur enseignèrent les charmes et les incantations », nous dit Enoch. Ce fut la première aliénation de l’Histoire, la première colonisation de l’Histoire, l’humanité elle-même fut colonisée, et cette colonisation fut combattue par les prophètes, les mystiques, les poètes… « Modernité » est le nom de code de cette colonisation subie par l’humanité jusqu’à aujourd’hui. Ces Béni-Elohim furent les premiers colons de l’Histoire, avec leur certitude orgueilleuse d’apporter la lumière et avec leurs promesses effrontées. Le chef déchu des Beni-Elohim tenta ainsi de séduire Ève par une promesse, c’est la fameuse promesse du Serpent biblique. Promesse de se libérer de la mort non par la progression morale dans l’Arbre de vie mais par la science exclusive, qui exclut justement l’intuition morale en prétendant faire de la morale une science, mais on ne peut pas faire de la morale une science rationnelle exclusive puisque cette science est déjà un point de vue moral, un point de vue sécuritaire précisément. La promesse du Serpent à laquelle crut Ève et Adam fut donc leur chute, dès cet instant la matière leur apparut comme la réalité primordiale, et leur vie comme charnelle, périssable, mortelle, esclave de cette matière. Avant leur chute, les Hyperboréens Ève et Adam vivaient innocemment selon l’Arbre de vie, immergés dans la vie primordiale éternelle, n’accordant aucune importance aux reflets sensibles de cette vie, ni à l’ombre matérielle de leur âme, ne craignant pas la mort du corps charnel, ne craignant pas la mort tout court, ignorant la mort, plus exactement. Les Hyperboréens quittaient cette vie terrestre sans subir le karma, cette loi morale expiatrice qui nous enchaîne à la mort et aux renaissances charnelles successives dans lesquelles nous entraîne l’Arbre de science, cette science qui fait des reflets de la vie la réalité, qui rend notre vie mortelle, qui nous fait perdre l’innocence pour nous enchaîner à la connaissance du bien et du mal, c’est-à-dire au karma, à la conscience morale, au libre-arbitre qui nous condamne à choisir entre bien ou mal, entre ne pas nuire ou nuire. « Innocence » veut dire justement : ne pas nuire.

Les Béni-Elohim s’unirent donc avec des Hyperboréennes, et de ces unions contre-nature il résulta les Nephilims comme dit la Bible, des géants, dont parlent la Bible et le Coran, et la plupart des religions et des mythologies d’ailleurs. La démesure et l’orgueil s’empara alors de ces êtres puissants disproportionnés et le chaos éclata. Ces Nephilims, poursuit Enoch, « dévorèrent tout le fruit du travail des hommes – ça vous rappelle quelque chose ? – , ils dévorèrent le travail des hommes jusqu’à ce que ceux-ci ne pussent plus les nourrir. Alors ils se tournèrent contre les hommes pour les dévorer », « puis ils se dévorèrent la chair entre eux, et ils en burent le sang », ajoute Enoch. Pareillement, dans la mythologie grecque le Titan Cronos dévore ses enfants. Ces Nephilims et ces Béni-Elohim furent combattus par les anges restés fidèles à Dieu, une guerre terrible que raconte toutes les mythologies, titanomachie et gigantomachie chez les Grecs, les Devas contre les Asuras chez les Hindous, les Ahuras contre les daevas chez les Perses, les Vanes et les Ases chez les Scandinaves, une guerre qui plongea les hommes dans un chaos sanglant.

Ces Béni-Elohim déchus entrèrent en rébellion contre Dieu. Un vieux mythe germanique raconte qu’après l’effondrement d’Hyperborée, du royaume de Thulé, peuplé de femmes très belles et instruites dans l’art de la magie, nous dit ce mythe, les rescapés se séparèrent en 2 groupes : celui « de la main droite sous la roue du soleil d’or », et celui « de la main gauche sous la roue du soleil noir ». Le premier groupe suivit donc Adam vers le soleil d’or de l’esprit, et le second groupe suivit ses appétits noirs de puissance terrestre. Adam ne cessa, même après sa chute, de prêcher la mesure, l’harmonie morale et esthétique, le bien le vrai le beau, comme dira Platon bien plus tard ; Adam apprit aux hommes à bâtir des temples, il leur apporta l’écriture (selon le mythe sumérien du sage Adapa/Adama/Adam), il leur enseigna la concorde, la douceur des mœurs, les soins de l’âme et du corps, le verbe qui repousse la violence, le déploiement de l’amour, la vie conquérante, les vertus, la justice et la sagesse auprès des hommes. En un mot, il les civilisa. Il enseigna l’immortalité de l’âme malgré son enchaînement aux réincarnations successives, âme qui ne peut se libérer de la mort que par sa progression morale dans l’Arbre de vie, l’arbre des chakras, qui sont comme des roues, en nous, qui nous conduisent jusqu’au chakra suprême, la roue du soleil d’or…

On retrouve des caractéristiques d’Adam dans le dieu grec Apollon, Apollon l’Hyperboréen, comme l’appelaient les Grecs. Dieu solaire législateur, fondateur de temples, dieu de la concorde, de l’harmonie, de la poésie, de la purification, de la médecine, de la mesure et de la lumière de vérité. Avec son arc, il écarte le mal (Alexikakos, en Grec), il transperce notamment le serpent Python, tout comme le dieu Seth égyptien transperce le serpent Apophis, personnification du mal, sauf qu’en Égypte Seth y fut tellement calomnié qu’il devint le dieu du mal !!! Chef-d’œuvre de calomnie et de manipulation, chef-d’œuvre très moderne… « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise », disait Euripide, dans Alceste. La figure d’Apollon est la grande inspiratrice du miracle grec et de la philosophie, de Pythagore à Plotin, jusqu’à Spinoza, voir jusqu’à Kant. Sans métempsycose pythagoricienne pas de théorie des Idées platonicienne, pas de philosophie européenne… la philosophie est donc un fruit de la tradition primordiale… Tout comme Adam fut supplanté par le Serpent, Apollon fut supplanté par le dieu-serpent Zagreus-Dionysos. Et l’empire grec succomba à la démesure, l’orgueil et la fureur inspirés par Dionysos, à travers les guerres du Péloponnèse notamment, qui furent la cause de la chute de l’empire grec.

La science moderne elle aussi s’acharne à la démesure dans son obstination à vouloir connaître les lois de ces reflets, de cette ombre qu’est la matière, et à vouloir maîtriser cette ombre, et la transformer pour en tirer de la puissance. Mais cette puissance de l’ombre est tout aussi périssable que l’ombre elle-même. La matière n’est finalement qu’une réaction à la vie, comme l’ombre d’un individu obéit fidèlement à tous ses mouvements, mouvements bienveillants comme malveillants. Cette science moderne qui cherche les lois d’une ombre selon le paradigme du Serpent qui fait de l’ombre la réalité, cette science moderne n’est finalement qu’une duperie, qu’une tromperie, qu’une promesse remontant à la promesse du Serpent biblique, promesse d’immortalité charnelle par la science exclusive, promesse qui enlise finalement l’homme dans l’aliénation à la non-vie, dans la perdition, dans les reflets sensibles, dans les simulacres matériels, dans les mirages et dans la mort. Ceux qui croient encore aujourd’hui à cette promesse du Serpent, comme les transhumanistes, se fourvoient dans la destruction, la mort, et veulent désormais éliminer les inutiles, par exemple par des prétendus remèdes expérimentaux…

L’auteur démoniaque de cette promesse n’était pas dupe de la valeur de la matière, de sa non-valeur devrais-je dire. Sa malveillance ne s’appliquait et ne s’applique toujours pas à l’ombre mais à l’âme des hommes et des femmes, qui causèrent sa chute finalement. C’est cette malveillance appliquée qu’on appelle magie noire. Et magie blanche la bienveillance appliquée. Mais en réalité, il n’y a pas de magie, il n’y a pas de miracle, il y a simplement l’harmonie divine de la vie et de ses reflets. La bienveillance précède ontologiquement la malveillance pour la bonne raison qu’il y a un Souverain bien, comme disait Platon, et qu’il n’y a pas de souverain mal. Car le mal ne peut pas être souverain, puisqu’il n’est jamais satisfait car toujours en désir, en manque de puissance, aliéné à son impossible souveraineté. Le bien ne désire rien, il se donne et se déploie souverainement. Ce déploiement souverain de l’esprit ne peut pas se comprendre rationnellement, car ce processus de compréhension consiste exclusivement à saisir, saisir du sens, alors que le déploiement de l’esprit consiste à créer du sens. Ce sont deux mouvements parfaitement contraires. Le déploiement souverain de l’esprit c’est la tradition primordiale, et la saisie exclusive c’est le modernisme.

Finalement, ce modernisme n’est ni une quête de vérité ni une aspiration à un quelconque progrès, il se définit simplement comme une négation acharnée de la tradition primordiale, une négation obstinée de la vie, en la remplaçant par des simulacres de vie, par des simulacres d’intelligence, par de l’intelligence artificielle, par de la vie artificielle, quitte à tout emporter dans le chaos. Malheureusement, une majorité de la population humaine se laisse emportée par ces simulacres de vie et d’intelligence. Car ces simulacres de plus en plus modernes, de plus en plus trompeurs, nous divertissent de l’angoisse de la mort. Cette entreprise gigantesque de simulacres et de tromperies n’a pu être que planifiée par les ennemis très modernes de l’humanité et de la vie, par cette rébellion contre le déploiement de la vie primordiale, par cette rébellion métaphysique contre la bienveillance divine, rébellion qui commença par la chute d’un esprit très subtil dans son déploiement, chute provoquée par les attirances des reflets et de l’ombre. Cet esprit subtil, déchu, rebelle, transgressif, est appelé « l’esprit du Serpent » chez les gnostiques et dans la kabbale juive ; il correspond au Serpent biblique. L’esprit du modernisme c’est l’esprit du Serpent. La chute de cet esprit advint dès lors que son déploiement divin initial vers l’altérité se tourna vers lui et vers son image dans un narcissisme funeste. Toute la science moderne procède de ce narcissisme métaphysique qui exclut finalement l’altérité, le mystère divin de l’altérité, qui fonde l’encore plus mystérieux déploiement primordial de la vie.

Merci pour votre attention

Lotfi Hadjiat

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