Les chercheurs spirituels commettent souvent cette erreur de vouloir voir Dieu, alors qu’il s’agit de voir ce que voit Dieu.
Au jeune Swami Vivekananda qui lui demandait s’il avait vu Dieu, le mystique Ramakrishna répondit : « oui » ! Son « oui » voulait sans doute dire qu’il avait expérimenté en toute clarté la vie divine. Voir c’est, en un sens, expérimenter la clarté.
« Voir Dieu » n’a aucun sens puisque Dieu est pur esprit et que l’esprit est invisible, et indivisible. Seules ses manifestations peuvent être visibles.
Se rapprocher de Dieu, c’est simplement y voir plus clair, de cœur et d’esprit.
Tout compte fait, Rousseau avait raison, la seule vraie religion est le culte du cœur. J’ajouterais le culte du cœur éclairé par l’esprit.
Chercher Dieu c’est chercher la vision divine, de cœur et d’esprit. Et celle-ci commence par l’honnêteté avec soi-même. Ne pas se mentir à soi-même.
Lorsqu’on a enfin appris à ne pas se mentir à soi-même, il faut ensuite apprendre à dire vrai à soi-même, avant d’apprendre à dire ce vrai aux autres.
Dire vrai à soi-même c’est écouter ce que nous dit notre cœur, notre âme, puis le dire, ou l’écrire.
Ce que nous dit notre âme est plus profond que ce que nous dit notre cœur, car le cœur est simplement la manifestation de notre âme dans notre corps. Et cette manifestation peut être déformée.
La vie de l’homme ordinaire et la vie divine : entre ces deux il n’y a qu’une différence de clarté. La première est trouble, floue, confuse, chaotique, l’autre est claire.
Clarifier parfaitement la vie de notre âme c’est faire un avec Dieu, avec la vie divine.
Rien ne peut altérer la vie divine, c’est sa souveraineté infinie, éternelle, qui fait sa clarté.
La vie divine précède la vue divine, qui elle-même précède ce qu’on entend par « Dieu ».
L’être vivant précède l’être non-vivant, et pour le dire plus précisément, la vie précède l’être, c’est-à-dire que la vie divine n’est pas, elle crée mais elle n’est pas, puisqu’elle précède l’être – même « l’être divin » -, puisqu’elle crée l’être, les êtres, tous les êtres. Aucun être ne peut donc l’altérer. L’être, lui, peut être altérable, ainsi que toutes ses manifestations. L’être non-vivant est altérable par l’être vivant, qui lui même est altérable par la vie divine.
L’être est une création divine, un don divin. Le tout premier être créé, « l’être divin », fut l’Intellect (seconde hypostase chez Plotin), l’Intellect divin vivant, le Verbe créateur, le Saint-Esprit, duquel procéda l’Âme universelle (troisième hypostase chez Plotin), Âme universelle de laquelle découle toutes les âmes, y compris l’âme de Jésus, par laquelle le Saint-Esprit se manifesta particulièrement en paroles et en actes (les miracles). L´Âme universelle ouvre la voie au multiple, dont l’ombre est : la matière primordiale.
Même le Verbe créateur fut créé, donné ; la vie divine est donatrice, sa création est don.
Cette formulation « être divin » est finalement une contradiction dans les termes, puisque le divin n’est pas « être », il est « vie », vie donatrice de vie.
Parménide nous a induit en erreur. L’Être n’est pas immobile, l’être est un acte, un verbe, le verbe être, qui par l’âme introduit le temps. La vie divine précède le verbe être, le temps, elle est éternelle.
La clarté parfaite de la vie de notre âme est atteinte lorsqu’aucune contrariété ne peut l’altérer, ni aucun drame, ni aucune tragédie.
La vie de notre âme est fondamentalement éternelle mais nous l’ignorons ; si nous le savions pleinement, de cœur et d’esprit, notre paix et notre joie intérieures seraient inaltérables.
L’ignorance quant à l’éternité de la vie de notre âme vient du fait que nous prenons des reflets de vie pour la vie elle-même, et que nous prenons des illusions de clarté pour la clarté elle-même.
La logique empirique est une illusion de clarté.
Il y a plusieurs degrés de clarté, de la clarté la plus superficielle à la plus profonde.
La seule vraie joie de vivre est celle que l’on ne peut sonder, celle qui n’a besoin d’aucune raison pour se réjouir, celle où la joie précède le sentiment de vie. Notre âme ne souffre que d’être séparée de cette joie, ou d’en être entravée.
À l’origine de toute douleur il y a un mauvais choix. La souffrance où s’originent toutes les autres apparaît au moment où les reflets de la vie sont pris pour la vie elle-même. Et lorsque nous nous attachons à ces reflets, la douleur devient insupportable
Nous faisons déjà un avec la vie divine mais nous ne le savons pas. Et cette ignorance produit notre éloignement, notre séparation d’avec cette vie divine. Séparation illusoire qui nous trouble, nous fait souffrir au point que nous la prenons pour réelle. Et nous nous figurons alors progresser dans la connaissance en agissant sur ce réel ! C’est précisément ce point de vue qui fonde les sciences empiriques, point de vue qui est aussi celui du professeur Raoult, aussi non-corrompu qu’il soit. La corruption de la science commence déjà avec ledit point de vue, qui prend finalement pour réel du corruptible, la matière.
Il ne faut pas s’étonner de la corruption quand du corruptible est pris pour le réel.
La corruption cessera quand l’incorruptible sera pris pour le réel. Et l’incorruptible c’est la vie divine. La seule vraie science est celle qui nous éclaire sur le réel de la vie divine, le seul réel.
Le détachement de ce monde, de ce bas monde, implique nécessairement l’attachement à la vie divine, la dévotion à celle-ci.
Viktor von Berg
22 décembre 2023 à 18 h 00 min
Je crois en effet que le plus difficile est de ne pas se mentir à soi-même. Tout est fait dans nos sociétés pour que nous illusionnons les autres, que nous paraissions à travers un masque, une « personna », et quand on agit ainsi immanquablement on finit par s’illusionner soi-même car notre reflet dans le miroir est déformé. Le politicard est donc le plus menteur à soi-même parmi tous les humains car il passe son temps à mentir à ses administrés…
La corruption aussi est le problème majeur: oui, c’est prendre le corruptible (la matière) pour le réel et c’est aussi le signe que toute valeur transcendante s’est enfui de la personne pour laisser place au règne du plaisir tangible (n’est-ce pas M. Onfray?)…