Accueil Non classé Pour en finir avec la Gnose, par Lotfi Hadjiat

Pour en finir avec la Gnose, par Lotfi Hadjiat

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D’où vient cette Gnose qui s’est si largement imposée par la Franc-maçonnerie ?… On peut déjà remarquer que tout le vocabulaire gnostique est emprunté à Platon : gnose, plérôme, éon, démiurge, hylé… Le démiurge gnostique étant celui qui va mettre matériellement en œuvre la Création envisagée par le divin, mais qui va mal la mettre en œuvre. Alors que le démiurge platonicien va bien le créé, ce monde, selon des proportions harmonieuses. La Gnose prétend faire revenir l’âme à son essence spirituelle par initiation, mais tous ne peuvent être initiés. Chez les chrétiens, la grâce divine est un don gratuit accessible à tous, notre cœur doit seulement s’en laisser saisir, s’y abandonner. Dans la Gnose, à ses débuts, cette grâce, manifestée par le Christ puis par ses apôtres, était vue comme un pouvoir, voire une magie, dont on peut acquérir la connaissance par initiation. Le premier gnostique était d’ailleurs un magicien : Simon le magicien, un israélite de Samarie, ancienne capitale du royaume d’Israël.

Voyant saint-Pierre faire des prodiges par la grâce du Saint-Esprit, par imposition des mains, Simon le magicien voulut obtenir de l’apôtre de lui enseigner le pouvoir permettant d’accomplir ces miracles. Il lui proposa même de lui acheter cet enseignement (tout comme on achetait les enseignements des sophistes dans la Grèce antique !), et saint-Pierre lui répondit que le Saint-Esprit n’est pas à vendre ! Simon le magicien était marié à une prostituée, Hélène, et considérait la femme comme « gardienne des secrets murmurés par le Serpent à Eve », oui, le Serpent biblique. Simon le magicien considérait l’esprit du Serpent comme le vrai dieu, le dieu du Monde de l’esprit, et le dieu créateur du monde matériel comme le mauvais dieu, le faux dieu ; monde matériel qui nous sépare de notre nature spirituelle, que l’on peut retrouver par la connaissance, la gnose révélée par le Serpent ; pour Simon le magicien, il ne faut donc pas suivre la rigueur des prescriptions morales de ce faux dieu… Simon le magicien prescrivait au contraire la liberté de réaliser tous ses désirs sans contraintes morales, sans s’interdire le moindre plaisir… Tel est donc le schéma gnostique. Simon était le rival du Christ, accomplissant lui aussi des guérisons. Voilà le contexte de naissance de la Gnose, qui est finalement une tentative de s’approprier cognitivement la grâce divine révélée et manifestée par Jésus, pour la reproduire comme on reproduirait un mécanisme dont on a pris connaissance du fonctionnement. Mais la grâce divine n’est pas un mécanisme reproductible.

Le Christ n’activait pas un mécanisme à chaque fois qu’il guérissait un paralytique ou un lépreux, ou qu’il rendait la vue à un aveugle ; Jésus laissait opérer à travers lui la grâce divine, qui n’est pas un mécanisme mais un don de vie, un don d’amour. Ce déploiement d’amour divin qui guérit, n’est pas reproductible par simple volonté qui activerait un mécanisme dont on aurait la connaissance, c’est pourtant ce que prétend la Gnose, ancêtre de la science moderne. Aucune connaissance ne peut reproduire la grâce divine, c’est pourtant ce qui vise la science moderne : la connaissance ultime du pouvoir suprême. Mais la grâce n’est pas un « pouvoir ». S’obstiner à vouloir reproduire la grâce divine jusqu’à détruire la vie, tel est l’objectif de cette science moderne. Dieu ne détient pas la connaissance de sa grâce ; ce qu’on entend par « grâce » c’est simplement le déploiement souverain de son amour, déploiement spontané dont Il n’a aucune connaissance, tout comme un bébé n’a aucune connaissance du fonctionnement organique de sa respiration, ce qui ne l’empêche pas de respirer ! Vouloir avoir une connaissance de la grâce divine, c’est vouloir se la représenter, comme on se représente un quelconque phénomène perçu, en établissant donc une distance entre cette représentation et ce qu’elle est censée représenter : la grâce divine. Et établir une distance c’est déjà se séparer. Voilà pourquoi Dieu n’a aucune connaissance de sa grâce, car Il n’en est pas séparé, au contraire Il y est tout entier.  La volonté de connaissance représentative nous sépare donc de la vie divine, la vie spirituelle, la vie tout court, voilà pourquoi cette connaissance constitua le fameux fruit défendu ; pour revenir à la vie divine il s’agit donc de dé-représenter ces représentations, pour revenir au sens originaire, à l’originaire donation de sens, qui est le don de vie, le don d’amour. Car c’est seulement l’amour divin – auquel doit s’ouvrir notre cœur – qui peut abolir cette séparation et nous ramener à la vie divine, l’Arbre de vie. La Gnose prétend au contraire que c’est cette connaissance qui peut abolir cette séparation ! Inversion radicale, démoniaque. Le Christ était précisément celui qui révéla l’accès à l’Arbre de vie et qui ouvrit gratuitement cet accès, à tous (la Gnose, elle, bénéficie seulement aux initiés).

Cette Gnose, après la crucifixion de Jésus, fut simplement une tentative de subvertir le message christique. Après la seconde destruction du Temple de Jérusalem, en 70 après J.-C., les élites juives de Jérusalem en furent chassées, et tinrent le messianisme christique pour responsable de leur malheur ; il fut ainsi violemment condamné, lui et ses disciples, dans le Talmud, écrit après la seconde destruction du Temple. Violence contre Jésus qui culmina ignominieusement dans le Toledot Yeshu, pamphlet juif anti-chrétien, écrit à la même époque que le Talmud qui est une exégèse qui procède finalement d’un repli sur soi et une radicalisation fanatiques des lois judaïques, en réaction au séisme religieux christique au sein du judaïsme. Mais il y eut une autre réaction au bouleversement christique du judaïsme : la Gnose. Qui est une réaction non pas de rejet radical du Christ, mais une subversion vengeresse de son message. Une subversion si radicale qu’elle en vint à diaboliser le dieu du Christ, qui est aussi celui de Moïse, ou de celui d’Abraham, ou de Noé, ou d’Adam, en bref le dieu des monothéistes, le Dieu créateur du monde matériel. Ce Dieu créateur, les gnostiques vont donc en faire un dieu mauvais, le fameux démiurge, dont la mauvaise création asservit l’homme et le fourvoie. Du dieu d’Adam, il vont faire un dieu secondaire, cruel et tyrannique, à la création imparfaite. Et ils vont lui préférer le dieu de Caïn : le Serpent biblique. Ils vont condamner la grâce du dieu d’Adam et glorifier la gnose salutaire du Serpent, interdite justement par ce démiurge, le fameux fruit défendu. Cette doctrine, ce schéma gnostique ne fut cependant pas inventé par les gnostiques, il existait bien avant eux, depuis Caïn… depuis Sumer, fondée par Caïn et sa postérité. Cette postérité passe par Nemrod, arrière petit-fils de Naama, épouse de Noé et arrière-arrière-arrière-arrière petite fille de Caïn himself, fils spirituel du Serpent.

La postérité du Serpent commence donc avec Caïn, cette postérité est plus une postérité d’esprit qu’une postérité de sang. Noé était probablement sumérien, mais pas de la lignée de Caïn ; parmi la postérité de Noé, certains procédèrent spirituellement de lui, d’autres de son épouse Naama, à l’instar de Canaan. Azurad, fille de Nemrod, épousa Eber, l’idolâtre ancêtre d’Abraham, dont le petit-fils Jacob mis au monde de nombreux enfants avec les filles de l’idolâtre Laban, descendant lui aussi d’Eber. Abraham n’était pas de la lignée de Caïn mais plutôt de celle de Noé, tout comme Jacob, dont une partie seulement de ses enfants procéda de la lignée de Caïn. D’ailleurs, ces enfants de la lignée de Caïn furent maudits par leur père Jacob sur son lit de mort (Genèse 49), ses enfants maudits étaient Lévy, Siméon et Ruben. Et les enfants bénis furent Juda, Joseph et Benjamin, qui constituèrent la maison de Juda, dont le « Juda-ïsme » tire son nom. Tandis que la maison d’Israël fut constituée par les enfants maudits, Lévy, Siméon et Ruben et les autres enfants de Jacob. Le dieu jaloux d’Israël n’est pas le dieu de Juda, qui n’est pas jaloux, puisqu’Il est « le dieu des hommes de tous les temps » (Exode 3, 15). La maison d’Israël est donc la maison de la lignée de Caïn, la maison de Caïn ; le nom d’Israël ne désigne donc pas Jacob mais Caïn, Israël est l’autre nom de Caïn, premier roi de Sumer. La religion profonde de la maison d’Israël n’était donc pas le Juda-ïsme mais ce qu’on pourrait appeler « l’israél-isme », continuité de la religion sumérienne : culte du Veau d’or (divinité suméro-babylonienne), culte de Baal (divinité suméro-babylonienne et cananéenne) et culte à Moloch (divinité cananéenne). La religion du pays de Canaan (descendant de Caïn) était finalement similaire à celle de la maison d’Israël (maison de Caïn), et pour cause, Canaan était de la même lignée que les israélites, celle de Caïn ; cette terre de Canaan promise aux israélites était une possibilité de salut pour cette postérité maudite, une possibilité consentie par la bonté divine, une possibilité qui mit à l’épreuve cette postérité. Cette terre promise fut surtout une terre expiatoire. Et Simon le magicien était de la maison d’Israël, il était de Samarie exactement, l’ancienne capitale du royaume d’Israël.

La gnose du Serpent commence donc à Sumer, avec la religion sumérienne où se dessine le même schéma gnostique : Enki le dieu-serpent (le Serpent biblique), le dieu-magicien, est le bienfaiteur des hommes leur apportant la connaissance, bâtisseur de la première ville fortifiée, l’inventeur de l’agriculture, le dieu rusé qui protège les hommes de la cruauté tyrannique d’Enlil (le démiurge créateur). Enki est fils de Nammu, la déesse serpent du gouffre primordial. Et puisque tout vient du gouffre du néant et que tout y retourne, l’unité ne peut être qu’éphémère, ainsi que la vie. Il n’y a pas d’unité divine primordiale, comme en islam. Et puisque l’existence terrestre est éphémère, alors il faut en jouir sans restrictions morales imposées par le démiurge, en jouir en toute liberté (le Veau d’or, Baal, Moloch), liberté de jouissance que préconisait Simon le magicien (et cette croyance sumérienne triomphe aujourd’hui). Puisque ce monde matériel mal créé par le démiurge nous accable de ses imperfections, alors il faut en prendre distance par la connaissance pour le parfaire, le corriger, le réparer par la connaissance (et cette croyance sumérienne triomphe aujourd’hui !), par la gnose révélée par le Serpent à Caïn, premier initié. Et cette initiation fut transmise au cours des siècles, d’initiant à initié. Quelques siècles après les sectes gnostiques des débuts de notre ère, apparut ainsi la kabbale juive, qui procède elle aussi du schéma gnostique.

En effet, dans la kabbale juive, nous avons aussi la connaissance du Serpent qui nous conduit vers la lumière suprême manifestée, « Kether », ils appellent ça le « sentier du Serpent » ! Car il y a aussi la lumière non-manifestée, l’Aïn Soph Aur, qui surgit brusquement de l’Aïn Soph, le Rien absolu, le gouffre primordial (la kabbale et la religion sumérienne ne s’embarrasse pas de logique ! Car comme chacun sait, « ex nihilo nihil fit », rien ne vient de rien !). Quant à la Gnose, dans sa version valentinienne, au début il y a l’abîme « Buthos », insondable abîme d’indéterminations, duquel va naître comme par magie le plérôme, la lumière du plérôme d’où procèdent les éons, sortes d’émanations divines, plérôme auquel peut revenir l’esprit humain par la connaissance révélée par le Serpent, tout comme le Noun gnostique égyptien, océan primordial d’où sortent les dieux, ou encore comme les dieux sumériens sortis de l’océan primordial ou règne le chaos. Ainsi donc depuis Sumer, cette idéologie gnostique pose le gouffre comme réalité primordiale, non l’unité divine. Mais cette idéologie est absurde car la lumière ne peut pas venir du gouffre du néant, rien ne vient de rien. La lumière ne peut venir que de la lumière, ce que décrit la sourate de La lumière. Cette religion absurde du gouffre primordial initiée par le Serpent était destinée à perdre les hommes dans une vaine soif de connaissance, en vue d’un pouvoir encore plus vain. Chez Plotin, le grand sage platonicien qui combattait les gnostiques, le gouffre chaotique n’est que l’aspect terminal de la Création, qui se déploie selon trois hypostases avant l’apparition finalement de ce gouffre chaotique d’indéterminations dénuées de formes constituant la matière primitive, où vont se dessiner les formes à la lumière des hypostases et se matérialiser démiurgiquement ; chez Plotin le démiurge n’est pas mauvais et le monde matériel ne l’est pas non plus en soi, la matière n’est source de malheur que si on fait le choix de s’y attacher.

Dans la kabbale juive éminemment gnostique, la création démiurgique est mauvaise, imparfaite, puisqu’elle mène à la catastrophe, la brisure des Sephiroth, à cause de la rigueur morale de la Sephira Geburah. Le démiurge est ici appelé Yoser Bereshit. C’est Metatron, être spirituel le plus élevé dans la hiérarchie spirituelle, résidant dans Kether, qui va conserver, équilibrer et gouverner le monde mal créé par le démiurge, ce Metatron est ainsi appellé « prince du monde », « prince des princes »… ce qui n’est pas sans rappeler Lucifer prince de ce monde, c’est-à-dire l’esprit du Serpent… On dit également de Metatron qu’il a donné la sagesse à l’humanité et qu’il protège l’humanité, ce qui n’est pas sans rappeler le dieu-Serpent Enki… à ce propos dans le livre du Zohar, œuvre maîtresse de la kabbale juive, au chapitre 49, Metatron est associé à l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, l’arbre du Serpent… arbre interdit par le démiurge. Metatron se rapproche d’autant plus de la figure de Lucifer déchu qu’on peut lire aussi dans cette kabbale une déchéance de Kether (contrôlé par Metatron, manifestation masculine de la gloire divine) vers Malkhut (controlé par Sandalphon, aspect féminin de Metatron… ).

Mais cette croyance gnostique du monde matériel mal créé n’est précisément qu’une croyance, qu’une idéologie. Car on peut tout aussi bien considérer que ce monde a été créé parfait, moralement parfait, en tant que lieu d’expiations et d’épreuves pour le progrès moral des hommes vers la vie spirituelle, la vie divine. Les gnostiques refusent de souffrir les expiations, les épreuves et la rigueur morale, et pour échapper à la douleur des expiations il compte sur la science (ce n’est pas un hasard si la rigueur morale est si mal vue par les gnostiques et les kabbalistes). Par exemple, les sciences médicales jusqu’au transhumanisme tentent de nous épargner l’expiation de la maladie. Les gnostiques ne veulent pas assumer les expiations et la rigueur morale, ils prônent la liberté totale au mépris de toute rigueur morale et la science libérée de toute contrainte morale pour échapper aux douleurs expiatoires, et libérée surtout de la mort, par la science transhumaniste. Cette promesse transhumaniste d’immortalité est exactement la promesse du Serpent biblique à Ève, qui n’obtint finalement pas l’immortalité mais la mortalité ! De même le transhumanisme n’apportera pas l’immortalité au sujet humain mais réduira plutôt le sujet à un objet, conduisant ainsi à la mort du sujet.

Force est de constater que l’idéologie gnostique domine en Occident et voudrait dominer le monde entier, pour la gloire d’Israël, c’est-à-dire de Caïn. Et cette volonté fanatique de domination ne s’embarrasse pas du massacre radical, passant allègrement du « plus jamais ça » au soutien inconditionnel au génocide de ceux qui lui font obstacle, aujourd’hui les Palestiniens. Demain la Russie ? L’Iran ? La Chine ?  Si ce fanatisme caïnite n’est pas vaincu par la sainte alliance de l’Est, l’humanité disparaîtra. Ou alors l’élection de Trump changera peut-être le cours des choses.

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