Alors que le monde est au bord de l’effondrement, j’aimerais vous offrir aujourd’hui quelques joies philosophique. Mais de la philosophie pure. La plus pure qui soit. Celles dont se gaussent les chimpanzés. Pour entrer dans ce jardin des délices de l’esprit, il faut d’abord ouvrir une première porte. Seul le désir de comprendre ouvre cette porte, désir né de la reconnaissance de notre ignorance. Cette première porte s’ouvre dès lors que nous reconnaissons n’avoir aucune certitude, et plus rien à quoi nous raccrocher. Elle s’ouvre lorsque nous tombons dans le vide. Un premier jardin s’offre alors à nous, celui de la joie des premières compréhensions. Compréhension des principes logiques, de la logique empirique… Mais ce désir va se heurter à nos croyances, croyances religieuses. Quoique plus ardue, la joie de comprendre est pourtant plus grande que le plaisir de croire, le confort facile de croire. Pour ouvrir une seconde porte, le désir de comprendre doit se faire audacieux pour se pencher sur les croyances, les croyances en général, et nos croyances en particulier. Pourquoi croyons-nous ? Pourquoi avons-nous besoin de croire ? Pourquoi l’objet de nos croyances n’est jamais bien défini ? Notre détermination à comprendre nous fera peu à peu voir que ce besoin de croire procède d’un besoin de sécurité, qui lui-même procède d’un instinct animal de sécurité, qui entre en contradiction avec notre intuition de liberté. Se présente alors à nous ce choix entre sécurité et liberté. Si nous choisissons la liberté, toutes nos croyances s’effondrent, nous n’avons plus rien à quoi nous raccrocher et nous tombons dans le vide. Tout ce qui est effondrable s’effondrera, inexorablement. Et la deuxième porte s’ouvre alors sur un jardin luxuriant. La joie du désir de comprendre se mue en joie encore plus grande, celle de la liberté d’esprit, la liberté d’imaginer, d’imaginer du sens. Nous sommes pris alors d’un vertige face à cette liberté infinie de notre esprit. Ce vertige peut nous faire tomber. Mais si notre détermination reste ferme, alors cette liberté d’imaginer du sens va se muer en liberté de créer du sens, de donner du sens. S’ouvre alors une nouvelle porte qui nous fait entrer dans le jardin sublime où le don du sens fait éclore la vie. Donner du sens est une béatitude, bien plus grande que la joie de comprendre. Donner du sens c’est déjà un peu donner de la vie. La floraison de vie dans ce jardin procède du sens donné, sans condition. On arrive à un point où l’esprit donne la vie. La dernière porte s’ouvrira sur cette révélation que l’esprit est le nectar de vie. Nectar que l’on cherchait depuis toujours et qui était si proche de nous. On commence par chercher le sens de la vie et on arrive par découvrir la vie du sens, l’infinie vie du sens, le plus grand délice de l’esprit, la plus profonde béatitude. La vie du sens est au-delà du temps puisque le temps lui-même est du sens, le temps linéaire, le temps cyclique… La vie du sens est donc éternelle. La vie du sens le précède. On peut plaquer tous les concepts que l’on veut sur cette vie, même les plus philosophiques, les plus métaphysiques, elle n’y sera jamais réduite. Finalement, le plus subtil des délices s’offre à nous lorsque idées philosophiques et métaphysiques elles-mêmes s’effondrent, pour nous unir au nectar de la vie. Ce nectar qui crée le monde, qui l’embrase du souffle de vie. Jusqu’aux rires des chimpanzés.
Marie-France
8 mars 2025 à 20 h 13 min
» Je suis l’alpha et l’oméga »
Dieu ne donne pas du sens à la vie,
Il Est la Vie.
Maintenant, chaque fois que je m’éloigne ou oublie cette
évidence , je suis fichue
Merci à vous et à votre texte de m’avoir remise sur les bons rails
Viktor von Berg
11 mars 2025 à 16 h 17 min
Tout d’abord: dans quel monde vit-on quand on nous présente un Luc Ferry et un Michel Onfray comme philosophes? Dans cette optique, ma grand-mère était philosophe. Peut-on appeler philosophes des penseurs dont les ouvres seront à la source de grands massacres humains ou doit-on en tenir responsables les chimpanzés qui ont cru comprendre et on voulu incarner ces philosophies?…
Les religions remèdes à nos angoisses: oui, peut-être, pour un moment au moins car au seuil de la mort beaucoup de philosophies et de certitudes religieuses s’effondrent…
La Vie est le triomphe de l’Esprit sur la matière. Et j’ose citer un philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein (1889-1951) condisciple à l’école d’un certain Adolf H. : « Car que la vie soit problématique, cela veut dire que ta vie ne s’accorde pas à la forme du vivre. Il faut alors que tu changes de vie, et si elle s’accorde à une telle forme, ce qui fait problème disparaîtra. »
En attendant les chimpanzés s’accrochent à des formes de vivre perverses, obsolètes, délétères: guerres, armement, vengeance, hubris, destructions, matérialismes, etc…
Farid Soumari
11 mars 2025 à 23 h 36 min
Cela ressemble à de l’Apophatisme un concept néoplatonicien : fusionner la métaphysique de Platon avec les pensées mystiques orientales : états intérieurs de l’âme et les phénomènes du cosmos : une verticalisation de la connaissance : chercher du sens. On en arrive là quand on sait que Dieu est un principe absolument indicible, indéterminé, ineffable, un principe qui échappe à toute tentative humaine de le dire d’une façon définitive. Mais ce principe est aussi transcendance et immanence, non-manifestation et manifestation, essence et existence. Loin des trois règles aristotéliciennes de la logique identité, non contradiction et tiers exclus. Il y a un rapprochement à faire avec le Tao de la tradition chinoise ou encore la coincidencia oppositorum de Nicolas de Cuse. L’islam relève de cette logique qui défie les structures mentales binaires…