Accueil Non classé Un chapeau en prison, par Lotfi Hadjiat

Un chapeau en prison, par Lotfi Hadjiat

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« Tu te rends compte… Blocus total à Gaza depuis un mois. Plus rien ne rentre. Ni nourriture, ni eaux, ni médicaments, rien… Hitler n’a vraiment rien fait de mal, il n’a fait que du bien ; il n’a fait que nous alerter contre ces démons génocidaires israéliens compulsifs qui hurlent sans relâche qu’ils sont le peuple le plus moral de l’humanité. Hitler ne leur a fait que du bien en tentant de les purger. Mais on l’en a empêché. Hitler était exactement le messie des Juifs. Il nous a ouvert les yeux sur le péril de l’humanité que constitue ces acharnés aux génocide, ces démons qui glorifient le génocide. Hitler n’est coupable que de n’avoir pas accompli sa mission purificatrice. Le réhabilitera-t-on un jour ?… ». J’entendis l’autre jour dans une boulangerie derrière moi cette apologie du Reichführer, en dégustant mon croissant aux amendes. C’étaient deux bourgeoises du quartier ; j’en reconnus une qui m’invita à me joindre à elles.

- Comment allez-vous ? On ne vous voyait plus depuis quelques temps…

- Très bien, merci. J’ai été hospitalisé quelques temps. Mais ça va mieux, grâce à Dieu.

- Rien de grave, j’espère…

- C’eut été grave si j’avais laissé traîner encore… mais tout est finalement rentrer dans l’ordre, Dieu merci.

- Merci surtout aux médecins qui vous ont soigné, fit elle d’un sourire. Où est Dieu à Gaza ?…, je me le demande tous les jours…, dit-elle.

- Peut-être qu’il n’a jamais été là… ni nulle part ailleurs…, fit l’apologiste du troisième Reich en buvant son café.

- Effectivement, beaucoup perdent et perdront la foi…, dis-je en mangeant mon croissant. Comme beaucoup de Juifs perdirent la foi après quarante-cinq…

- Ces histoire de chambres à gaz sont une vaste connerie, mon cher monsieur. Pardon, mais… Hitler était un saint homme que ces démons n’ont cessé de souiller avec leurs mensonges infâmes, fit la bourgeoise bien comme il faut avec son élégant chapeau capeline, en reposant sa tasse de café délicatement dans sa soucoupe.

- C’est cette rente d’innocence pour eux, et de culpabilité pour les Goyim, qui leur permet de génocider en toute liberté aujourd’hui…, fit l’autre.

- Tant que l’on n’aura pas fait éclater toutes ces bulles de gaz puantes… ils continueront à génocider l’humanité, et à le revendiquer comme une bonne action !, s’indigna la chapeautée.

- Je suis un irréductible croyant en la vérité, en cela que je crois que la vérité, quelle qu’elle soit, finit inexorablement par… éclater, justement. Mais évidemment, elle éclate au prix de douloureux, très douloureux sacrifices par l’humanité…, dis-je en finissant mon croissant.

- Je ne serais pas aussi optimiste, fit l’autre. Elle n’éclatera que si des hommes et femmes de bonne volonté, en nombre suffisant, auront à cœur de la faire éclater, sinon… cette engeance de démon continuera à nous martyriser…

- Justement, répliquai-je, on ne peut pas combattre si on n’est pas un minimum optimiste, c’est-à-dire croyant au minimum en la victoire… Les pessimistes comme vous ne soutiennent pas ce combat, ils le découragent plutôt…

- Vous avez raison, fit la chapeautée. Après le constat, il faut bien être confiant en la victoire de la vérité… c’est tout ce qui nous reste, de toutes façons…

- Le plus terrible c’est que cette croyance morbide aux chambres à gaz a remplacé en Occident la croyance saine en Dieu… il est là le noyau atomique du Grand remplacement…, dis-je en m’essuyant les mains avec une serviette en papier.

- Y a-t-il jamais eu une croyance « saine » en Dieu…, s’interrogea la germanophile. Regardez Daesh, regardez ce qui se passe en Syrie… sans parler de l’Inquisition, la saint-Barthelemy… j’en passe et des meilleurs…

- Voilà précisément le grand combat à mener : ériger une croyance saine en Dieu.

- Oui. On y arrivera sans doute… à cette croyance saine… dans trois mille ans…, fit d’un sourire triste la pessimiste au chapeau.

- suis-je dans une croyance saine si je crois que cela va arriver bientôt ?, dis-je en m’esclaffant.

- Une croyance est saine du moment qu’elle ne sort pas le couteau, fit l’autre.

- Elle peut faire beaucoup de dégâts bien avant qu’elle sorte le couteau… il faut ici remonter le mal jusqu’à la racine, lui répondis-je.

- Le mal à la racine… Oui, bien-sûr… certainement… Ce mal c’est sans doute de l’ignorance mêlée à l’orgueil avec sans doutes des influences démoniaques…

- Oui, c’est bien résumé. Vu comme ça, c’est un combat sans fin. Mais si on introduit l’hypothèse du divin…, suggérai-je.

- L’hypothèse…, comme vous dites, fit l’élégante au chapeau.

- Oui, mais c’est la seule hypothèse qui éclaire moralement l’humanité… C’est déjà un indice, non-négligeable… « L’existence de Dieu est moralement nécessaire », disait ce bon vieux Kant.

- Oui, elle éclaire moralement comme elle peut rendre fanatique, c’est tout le paradoxe…

- Tout comme le feu éclaire et peut brûler aussi ; faut-il pour autant se priver de feu ?, fis-je remarquer.

- Non, évidemment, fit-elle d’un petit rire. Vous ne perdez pas le nord ! Peut-être avez vous raison… après tout… L’avenir nous le dira. Si l’humanité survit à leur crime permanent contre l’humanité…

- On y survit déjà en le disant, en le formulant, en l’énonçant.

- Oui. Le formuler c’est bien ; il faudrait le clamer haut et fort, fit l’admiratrice d’Hitler. Elle quitta alors sa chaise, sortit dans la rue et se mit à hurler : « Ne les écoutez plus, n’écoutez plus ces menteurs : les chambres à gaz c’est du bidon ! ». Une voiture de police rappliqua soudain dans la minute et la chapeautée se fit embarquer.

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